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des deux bâtiments ennemis avait une artillerie supérieure à celle des Droits de l’Homme. Ce navire était entièrement rasé ; mille boulets avaient troué sa carcasse ; il faisait eau de toutes parts ; toute sa mitraille était épuisée ; tous ses boulets rames avaient été employés, il n’y avait plus à bord que 50 boulets ronds : sept officiers de marine avaient été blessés ; trois officiers de la légion des Francs étaient restés sur le champ de bataille ; plusieurs autres étaient grièvement blessés ; cent.hommes furent tués et un nombre à peu près égal avait été mis hors de combat. Mais la frégate l’Amazone avait sombré à la même côte, et ses officiers, ainsi que son équipage, furent fait prisonniers.

Les Droits de l’Homme échoua dans la baie d’Audierrie le 25 nivôse à sept heures du matin. Les canots légers furent emportés par les lames, avant qu’on eût pu y descendre ; plusieurs de ses braves matelots périrent en se dévouant, les uns pour établir un va et vient, les autres pour aller à terre chercher des secours. La chaloupe qu’on était parvenu à mettre à flots fut brisée par la houle et tout ce qui s’y trouvait fut broyé par les récifs. Ce ne fut que dans la nuit du 25 au 26 que cinq chaloupes venues d’Audierne purent emmener les blessés et environ 400 matelots ou soldats, et le 30 seulement La-crosse s’embarqua sur une corvette qu’on lui avait envoyée de Brest, mais le dernier de tous, et après s’être assuré qu’il ne restait plus un seul homme à bord.

Lacrosse fut élevé au grade d’officier général, et le Directoire n’oublia pas les officiers qui s’étaient distingués1 sous ses ordres.

Le contre-amiFal Lacrosse- fut nommé en 1799 ambassadeur près la COUP d’Espagne. H fit exécuter’ avec énergie les volontés de la France et exigea du gou- I

vernement espagnol le renvoi des émigrés français, en stipulant pour eux les conditions les plus favorables.

A son retour d’Espagne, le ministère de la marine lui fut offert ; mais homme d’action, il refusa cet honneur, préférant combattre les ennemis de la France.

En 1802, le premier Consul le nomma capitaine général de la Guadeloupe. La population, prévenue de son arrivée, se porta tout entière à sa rencontre ; mais bientôt cette même population, travaillée par les Anglais, se révolta contre son autorité. Mal soutenu parles blancs, il se vit forcé d’être toujours sur la défensive. Le 1" novembre 1801 il fut surpris dans une reconnaissance qu’il faisait en dehors de la ville de la Pointe-à-Pitre, où le mulâtre Pelage le tenait bloqué. Ce chef de révoltés força le gouverneur général à s’embarquer immédiatement sur un bâtiment danois ; c’est à cette condition seulement qu’il obtint sa liberté.

Le contre-amiral Lacrosse se fit conduire à ta Dominique, et y attendit l’expédition sous les ordres du général Ri-chepanse ; il rentra avec elle à la Guadeloupe. A la mort du général il reprit le commandement en chef et parvint à soumettre les rebelles-^et à rétablir sur tous les points de la colonie l’ordre le plus parfait. Il s’embarqua pour revenir en France sur la frégate la Didon. Sans défiance, et ne sachant pas que le traité d’Amiens était rompu, il tomba aux environs de Brest dans une CFoisière anglaise, composée de douze vaisseaux de ligne. Intrépide comme toujours, il les força à lui livrer passage, parvint même à leur enlever la corvette le Laurier qui servait de mouche à cette flotte. Il eut le bonheur de gagner les côtes d’Espagne avec sa. prise, et la reconduisit dans îe port de Sanfander, où il débarqua lui-même.

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