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qu’il était, avec son bataillon, à Bruai, entre Condé etValenciennes, Goris est informé de la trahison de Dumouriez ; il rassemble aussitôt les officiers de son bataillon et leur déclare formellement que, si le général transfuge a l’audace, comme il l’avait annoncé, de venir les passer en revue, son intention est de lui brûler la cervelle. Ses officiers lui ayant promis de le seconder, il prit ses dispositions pour n’être point surpris par les escadrons qui escortaient le général déserteur. Inébranlable dans sa résolution, il attendit avec’impatience ; mais, comme il ne se présentait point, Goris craignant que le moindre retard pût être funeste au salut de l’armée, prit sur lui de faire battre la générale.

La nouvelle de la trahison de Dumouriez se propage dans les rangs, les soldats, indignés et furieux, veulent marcher à sa recherche pour en faire prompte justice ; mais le commandant Goris ne croyant pas avoir des forces suffisantes pour tenter un coup de main dont la réussite était douteuse, s’opposa à une pareille entreprise ; il "parvint à les calmer et les conduisit à Valenciennes, où ils furent reçus aux acclamations des habitants et de la garnison.

C’est ainsi que le patriotisme et l’énergie d’un seul homme, en donnant à temps l’éveil à toute l’armée, préserva la France du malheur de voir toutes ses places fortes livrées à l’ennemi. D’autres se sont attribué l’honneur d’avoir dévoilé ce complot, mais il est certain que l’initiative en appartient tout entière au 6e bataillon du Nord et au brave Goris. Blessé d’un coup de feu au côté droit, le 8 messidor an II, à la bataille de Fleurus, il fît ensuite les campagnes des ans III, IV, V, VI, VII, VIII et IX aux armées de Sam-bre-et-Meuse, du Rhin, d’Angleterre, de Naples et d’Italie. A l’organisation de l’an IV, le commandant Goris passa avec

son bataillon dans la 17e demi-brigade d’infanterie de ligne.

Le \" floréal an V, au passage du Rhin, et dans le moment le plus critique, le général en chef plaça Goris en avant de Diersheim en lui ordonnant de tenir jusqu’à la dernière extrémité, afin d’em-pécher l’ennemi de tourner le village. A peine Goris avait-il pris position, que nos troupes, repoussées par des forces supérieures, laissèrent le bataillon de la 17" isolé et livré à lui-même. L’artillerie des Autrichiens emportaient des liles entières, le désordre et le découragement se mettaient dans les rangs de ces braves. Cependant, le brave Goris se ’porte en avant du front de bataille, et là, pour ranimer le courage des siens, il leur dit d’une voix ferme : Soldats, je suis devant vous ! La vue de leur chef, qui affronte ainsi avec tant de sang-froid un danger certain, inspire de la confiance aux plus timides, les rangs se resserrent, et, par sa bonne contenance, le bataillon imposa aux Autrichiens, et contribue puissamment au succès de cette journée. Nommé chef de brigade dans le même corps le 18 nivôse an VII, il fut dirigé le 28 du même mois sur Bénévent. En arrivant aux Fourches-Caudines, la 17e, à la tête de laquelle il marchait, se vit cernée par un corps de 9 à 10,000 hommes. Sommé de se rendre, le brave Goris répondit par le pas de charge, se fit jour à la baïonnette et sauva son corps d’une entière destruction. Ce fait d’armes fut mentionné à l’ordre du jour du général en chef de l’armée de Naples, et valut, au chef de brigade Goris, les félicitations du gouvernement.

Le 10 floréal suivant, il se distingua de nouveau à la prise de Salerne. Les Anglais ayant débarqué des troupes dans cette ville, interceptaient les communications de l’armée avec les deux Calabres. La 17e demi-brigade avec un bataillon