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qui le fit emporter dans un drap, après avoir étanché le sang avec du foin et de l’herbe faute de charpie. Étant en convalescence à Sedan, lorsque les Autrichiens vinrent menacer cette ville, le brave La Bruyère, quoique forcé de se servir de béquilles, vint offrir ses services au conseil de défense de la piace, qui les accepta et lui assigna un poste qu’il occupa depuis le let jusqu’au 15 germinal de l’an II.

A peine rétabli de ses blessures, il revint dans l’Ouest, et, dès le 26 vendémiaire an III, il se signala par son audacieuse bravoure en enlevant un drapeau aux rebelles. Le 14 germinal suivant, en se rendant de Chemillé à Chollet, il fut attaqué par quelques chouans à Tré-mentines. Blessé de. trois coups de feu à la jambe gauche et à la mâchoire, et n’ayant plus de balles à mettre dans son pistolet, il le chargea avec une de ses dents, s’en servit contre celui-qui l’avait blessé, et lui fit sauter la cervelle avec ce projectile d’une nouvelle espèce. Le -16 messidor de la même année, lorsque Charette leva de nouveau l’étendard de la révolte, l’adjudant-général La Bruyère se présenta avec deux hussards du 11e régiment au quartier général de Stofflet, et lui fit faire par écrit la déclaration de ses intentions.

A l’affaire qui eut lieu le 13 thermidor suivant, il enleva un guidon aux hussards de Charette, et mérita par sa conduite d’être mentionné dans les rapports du général en chef. Le 13 pluviôse an IV, lors de la nouvelle insurrection de Stofflet, il tomba, avec deux guides et deux chasseurs de la Côte-d’Or sur un rassemblement de rebelles près de Saint-Ma-caire ; il les sabra, les dispersa, et leur enleva des armes et des effets d’habillement. Cette action, vigoureusement conduite, et qui avait eu pour résultat de faire, échouer Jes projets des rebelles,• fit LAB ( 128 ’

Il servit avec la plus grande distinction depuis 1792 jusqu’à l’an IX inclusivement, aux armées des Ardennes, du Rhin, de Mayence, de l’Ouest, des côtes de Brest, de Cherbourg, de l’Océan, et à celle d’Angleterre ; il se trouva à la prise de Spire, à celles de Mayence et’de Francfort, et soutint le blocus et le siège de Mayence, où il eut plus d’une occasion de signaler son courage.

Le 1" avril 1793, il sauva, avec ses grenadiers, trois pièces de canon renversées dans un fossé et abandonnées à la retraite de Condersphum, puis de Mayence. Le 14 juin suivant, il enleva 300 palissades aux Autrichiens, dans le poste de la Briqueterie, pour fortifier le village de Kosteins, où il commandait, et qui se trouvait en face de l’ennemi. Il reçut dans cette affaire trois coups de mitraille. Le 8 j illet, à la prise de Kosteins par l’ennemi, il fut fait prisonnier par quatre grenadiers hessois, mais il se débarrassa d’eux, quoique blessé à la main droite ; il en tua deux, en mit un en fuite, et ramena le quatrième au général Aubert-Dubayet qui le combla des éloges les plus flatteurs. Le 19 septembre à l’affaire du Palet, près de Clisson (Vendée), il eut un cheval tué sous lui et fut blessé d’un coup de feu.

Lors de la retraite de Clisson, le 22 du même mois, il fut atteint de quatre nouvelles blessures. Il portait encore le bras gauche en écharpe, par suite de deux coups’de feu, dont les plaies n’étaient pas fermées, lorsque le 24 vendémiaire an II, à l’affaire de Saint-Christophe-du-Bois, j) eut trois chevaux tués sous lui, et reçut dix-huit blessures, dont une lui fractura la hanche, une autre lui fractura l’épaule, et une troisième lui traversa la poitrine. Laissé pour mort sur le champ de bataille, il fut entièrement dépouillé, et ne fut rappelé à la vie que par les’ soins du représentant du peuple Merlin

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