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sa propre décoration, la lui mit sur la poitrine.

C’est le plus étonnant exemple de longévité que l’on ait vu peut-être dans l’armée.

KOSCIUSZKO (THADEE)

Issu d’une famille ancienne et noble, naquit le 12 février 1746 à Siehniwicze, dans le Palatinat de Brzesc-Litewski.

Il avait fait ses premières études à Varsovie, à l’école des Cadets. Ayant mérité une place parmi les quatre meilleurs élèves, on l’envoya achever son éducation dans les pays étrangers. Il habita la France pendant quelques années. De retour en Pologne, il entra dans le service. Bientôt il s’embarqua pour le Nouveau-Monde, prit part à la guerre d’Amérique et devint l’adjudant de Washington. Cette guerre achevée il revint dans sa patrie, et lorsqu’elle voulut rétablir sa nationalité, après la promulgation de la constitution du 3 mai 1791, il reprit du service avec le grade de major-général de l’armée que commandait Joseph Poniatowski. Ses prodiges de valeur et d’habileté à Dubienka rendirent, dès ce jour, son nom sacré à ses compatriotes. La soumission de Stanislas, ayant fait manquer l’entreprise d’affranchissement, Kosciwszko donna sa démission et partit pour la France, où la Convention lui accorda le titre de citoyen français. La nouvelle insurrection de la Pologne le rappela aux combats. Il fut investi par l’acclamation générale d’une autorité absolue dont il n’abusa point. Il déploya un courage admirable à Wraclawice, à Szakocing et sous les murs de Varsovie. Blessé à Macyowice, le 4 octobre 1794, il fut jeté dans un cachot par ordre de Catherine. Quand il eut recouvré sa liberté, la Pologne était captive. Il vint demeurer auprès de Fontainebleau et se livra à l’agriculture. Napoléon voulut en vain s’en servir comme instrument politique dans la campagne de Russie. Après l’occupation de la France par les armées étrangères, Kosciwszko erra en Europe, et la mort le surprit dans la Prusse, sur les frontières de France, le 5 octobre 1817.

Ses cendres reposent à Varsovie sous un mausolée.

KUTUSOFF-SMOLENSKOI (MICHEL LAVRIONOWICH GOLENUCHEFF)

Feld-maréchal des armées de Russie, né en 1748, fut élevé à Strasbourg, entra au service à 16 ans, et parvint aux premiers emplois militaires par des actions d’éclat. Général-major en 1784, il assista en 1788 au siège d’Oczakoff, y fit preuve d’une grande fermeté, et fut dangereusement blessé dans une sortie vigoureuse que fit la garnison turque. Il eut ensuite une grande part à la prise d’Is-majlovy, en 1790, et fut nommé en 1791 lieutenant-général, puis chargé du commandement d’un corps d’armée placé entre le Pruth, le Dniester et le Danube ; à la paix avec les Turcs, il obtint le commandement de l’Ukraine et fut employé dans plusieurs négociations diplomatiques, tant sous le règne de Catherine que sous celui de Paul Ier. Devenu gouverneur militaire de Pétersbourg à l’avènement d’Alexandre, il fut appelé au commandement de l’armée qui se réunit aux Autrichiens en 1805. C’est, dit-on, contre son avis que fut livrée la bataille d’Austerlitz. Après la paix de Presbourg, Kutusoff prit le commandement de l’armée, destinée contre les Turcs, remporta sur eux plusieurs avantages signalés et dicta Jes conditions de la paix conclue à Bucharest le 16 mars 1812. A cette époque il fut élevé aux dignités de prince, de président du conseil d’État et de feld-maréchal. La guerre ayant bientôt éclaté. entre la France et la Russie, Kutusoff, après