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était doué du plus grand talent ; mais il n’était que l’homme du moment. Il était d’habitude un endormi ; mais dans l’occasion, il avait le réveil du lion. Il cherchait la gloire comme la seule route aux jouissances ; d’ailleurs, nullement national, il eût pu sans effort servir l’étranger. Il avait commencé dans sa jeunesse, sous les Prussiens, dont il demeurait fort engoué.


a Kléber était un homme superbe, mais de manières brutales ; la sagacité des Égyptiens leur avait fait deviner qu’il n’était pas Français. Au milieu de.ses soldats, il semblait le dieu Mars en uniforme.

Kléber tomba victime du fanatisme musulman. Rien ne peut autoriser en quoi que ce soit l’absurde calomnie qui essaya d’attribuer cette catastrophe à la politique de son prédécesseur ou aux intrigues de celui qui lui succéda. (Mémorial de Sainte-Hélène.)

Caffarelli, qui pouvait porter sur Kléber un jugement désintéressé, disait de lui : « Voyez-vous cet Hercule, son « génie le dévore ! »

Les restes de Kléber, rapportés à Marseille, étaient oubliés dans le château d’If, lorsque Louis XVIII ordonna, en 1818, qu’ils fussent transférés dans sa ville natale, qui les reçut avec gratitude et vénération. Ils reposent dans un caveau construit au milieu de la place d’armes, et au-dessus duquel Strasbourg et la France entière ont fait élever une statue eu bronze, inaugurée le 14 juin 1840.

Quelques paroles de Kléber achèveront de le peindre.

A Torfou (19 septembre 1793) il a en tête 20 000 Vendéens contre les 4 000 hommes qu’il commandait. Il dit au capitaine Schwardin : « Prends une compagnie de grenadiers, arrête l’ennemi, devant ce ravin ; tu te feras tuer, mais tu sauveras tes camarades. — Oui, mon général, répond l’officier. » Il part. Ses grenadiers et lui périssent tous à leur poste ; mais l’armée est sauvée."

A Savenay, les commissaires de la Convention veulent l’obliger d’attaquer pendant la nuit. « Non, dit Kléber, les braves gens n’ont rien à gagner en combattant dans les ténèbres ; il est bon de voir clair dans une affaire sérieuse, et celle-ci doit se passer au grand jour. » La bataille se donne (22 décembre 1795). Ce fut un massacre de 60 000 Vendéens ; il s’en échappa 5 à 6 cents. Les Nantais offrent à Kléber une couronne de laurier. « C’est aux soldats plutôt qu’aux généraux, dit un commissaire, que sont dus les lauriers. — Nous avons tous vaincu, s’écrie Kléber avec fierté, je prends cette couronne pour la suspendre aux drapeaux de l’armée. »

Le 24 février 1800, il signa avec le commodore anglais, Sidney-Smith, une convention honorable pour l’évacuation de l’Égypte. L’amiral Keith ne veut la ratifier qu’à condition que l’armée française mettra bas les armes et se rendra prisonnière. Kléber, indigné, s’écrie, en montrant le manifeste à l’armée : "Soldats ! on ne répond à cette lettre que par des victoires, préparez-vous à combattre". dit-il et gagna la bataille d’Héliopolis.

KLEIN (DOMINIQUE LOUIS ANTOINE, comte)

Né en 1759 à Blamont (Meurthe) d’une famille riche. Il servit dans la maison du roi ; lieutenant d’infanterie en 1790, adjoint-général dans un régiment de chasseurs à cheval à Fleurus (armée du Nord), il s’y distingua particulièrement, ainsi que dans toutes les affaires qui suivirent. Général de brigade à l’armée de Sambre-et-Meuse, il s’y fit l’émule de gloire de l’adjudant-général Ney, se couvrit de gloire à Wurtzbourg, à Bamberg où il entra, emporté par son ardeur,