Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, II.djvu/116

Cette page n’a pas encore été corrigée

milieu des fuyards, un homme qui cherchait à les rallier : « Voici un brave, » dit-il à ceux qui l’entouraient, « ce ne peut être un lazzarone, je veux savoir à qui nous avons affaire ; » Il déchargea aussitôt en l’air ses pistolets pour lui inspirer de la confiance, et s’écria en l’abordant : « Rendez-vous prisonnier. »

Ce guerrier était le comte Roger de Damas, et après lui avoir donné des marques d’intérêt, Kellermann le traita avec tous les égards dus à son rang, et lui permit de s’éloigner.

Arrivé le 4 pluviôse an VII sous les murs de Naples, le général en chef chargea Kellermann de se porter du côté de la mer pour s’emparer des forts del Ovo et de Castel Nuovo,,qu’il emporta à la baïonnette.

Il pénétra le premier au cœur de la ville avec un petit nombre d’hommes, s’empara du point central de résistance des lazzaroni, dit le Luogo degli Studj, dispersa cette troupe de rebelles et s’avança vers le château Saint-Elme pour délivrer les patriotes napolitains qui s’y étaient réfugiés. Le lendemain, il reçut l’ordre de descendre dans Naples pour prendre possession duchâteau de l’Œuf, le seul lieu fortifié qui ne fût point encore occupé par nos troupes.

Obligé de se rendre aux bains d’Aix en Provence, à la suite d’une violente névralgie, il y était depuis quelque temps, lorsque Bonaparte aborda miraculeusement à Fréjus. Il écrivit aussitôt pour demander à servir sous le jeune héros, et reçut de Berthier cette réponse : « Ah ! il est bien question d’un commandement d’armée ! » Le 18 brumaire et le Consulat ne tardèrent pas à donner l’explication de ces paroles.

Chargé, en l’an VIII, par le premier Consul, d’une brigade de grosse cavalerie à l’armée d’Italie, il combattit avec elle à Marengo.


Après que les divisions Lannes et Victor eurent été culbutées, et après la mort de Desaix qui commandait la réserve, la colonne ennemie s’abandonnait avec une ardeur inconsidérée à leur poursuite ; Kellermann, qui se trouvait dans un terrain embarrassé de vignes, déploie ses troupes parallèlement au front de l’ennemi, porte quelques escadrons en avant pour contenir un corps de cavalerie qui flanquait l’infanterie autrichienne, et, par un mouvement de conversion à gauche, il se jette sur le flanc de la colonne de grenadiers, y pénètre par les intervalles, et, en moins de cinq minutes, les soldats de Mêlas, culbutés, sabrés, demandent à mettre bas les armes.

Le général Kellermann décida par cette charge d’une des plus étonnantes victoires de nos annales militaires.

Général de division le 16 messidor an VIII, il reçut, le 23 vendémiaire an XII, la décoration de la Légion-d’Honneur, fut chargé d’une inspection de troupes à cheval de l’armée d’Italie, et reçut le commandement de la cavalerie lors de l’invasion du Hanovre.

En l’an XIV, il joignit la grande armée la veille de la bataille d’Austerlitz. La rapidité de ses mouvements ayant attiré le régiment des hulans du grand duc Constantin à travers nos bataillons, ce régiment périt presque entier fusillé à bout portant, et le général Essen, qui l’avait conduit, fut mortellement frappé.

En 1807 il fut chargé du commandement d’une division sous Junot,à l’armée expéditionnaire de Portugal. ’ Après la bataille de Vimeiro. qui ne fut pas à notre avantage, Junot réunit tous les généraux en un conseil de guerre dans lequel on examina la situation de l’armée française, il fut décidé que l’on tenterait une négociation avec les Anglais, attendu que l’on ne pouvait, avec 20.000hommes, se maintenir dans un