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sentiments patriotiques, et parvint à se justifier en invoquant un écrit qu’il avait publié à son retour d’Amérique, dans lequel il faisait le plus grand éloge des constitutions libres des États-Unis.

Mis en liberté quelque temps après, Kellermann se rendit à Grenoble, et réclama auprès des députés de la Convention, Albitte, Nioche, Dubois-Crancé, le commandement du bataillon des chasseurs des Hautes-Alpes, dont il était titulaire. Sur leur refus, il entra comme volontaire dans le 1er régiment de hussards.

Après l’élargissement de son père, il reprit le commandement de son bataillon qui se trouvait à cette époque à Cagliano, près du cap Vado, non loin de Savone, et peu de temps après les fonctions d’aide-de-camp avec le grade de chef de brigade.

Nommé adjudant-général il reçut l’ordre d’aller rejoindre le général en chef Bonaparte, qu’il suivit à Lodi, à Milan et à Pavie.

Passé ensuite à la division du général Masséna, il fut chargé, par ce général, de plusieurs reconnaissances,, et se trouva avec lui à Bassano, à Arcole, à Rivoli, et à la prise de Mantoue.

Au passage du Tagliamento, en l’an V, il fut blessé de plusieurs coups de sabre dans la charge qu’il exécuta avec le général Dugua.

Chargé d’aller présenter au Directoire les drapeaux conquis sur l’ennemi, il fut élevé au grade de général de brigade sur la demande formelle de Bonaparte.

Il n’avait alors que vingt-six ans.

Kellermann commandait l’avant-garde de la division Macdonald, à l’époque de l’entrée du général Mack en Italie ; et fit, sous les ordres de Championnet, cette immortelle campagne ou 15 000 Français dispersèrent 60 000 Napolitains, appuyés d’innombrables masses d’insurgés.

Placé en avant du village de Nepi, le 23 frimaire an VII(13 décembre 1798), il résista à la première colonne, qui l’attaqua avec résolution, et n’ayant avec lui que deux bataillons, trois escadrons de chasseurs et deux pièces d’artillerie légère, il parvint à mettre en déroute 8 000 hommes.

500 tués ou blessés, 15 pièces de canon, 30 caissons de munitions, 2 000 prisonniers, des étendards, 2,000 fusils, tous leurs bagages et effets de campement, furent les trophées de cette mémorable journée.

Cependant le général ennemi, déterminé à prendre sa revanche, marcha de nouveau contre Kellermann, qui avait à peine 600 hommes d’infanterie, 150 chevaux du 19e de chasseurs et 2 pièces de canon. Après avoir soutenu cette attaque avec sa bravoure accoutumée, il chargea la colonne napolitaine, la mit en fuite, s’empara de ses caissons, de ses équipages, du trésor de l’armée, puis arriva sous les murs de Rome, où il n’eût point hésité à pénétrer pour enlever le roi de Naples, s’il n’avait craint que les troupes du général Burkard, réunies à celles du comte Roger de Damas, émigré français, ne vinssent lui couper la retraite en se reformant derrière lui.

Voulant châtier Viterbe qui s’était révoltée, il se dirigea sur cette ville, et ayant rencontré sur sa route Roger de Damas à la tête de 6 000 hommes, il le défit et l’obligea à chercher son salut dans la fuite.

Privé de ces secours, Viterbe se rendit, et les Français, prisonniers depuis un mois dans cette ville, furent rendus à la liberté ; et Kellerman se dirigea vers Rome pour rejoindre l’armée qui était en marche sur Naples.

Dans cette expédition, Kellermann eut un engagement avec une bande de lazzaroni qu’il dispersa. Ayant aperçu, au