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dans le même temps, des obus éclatèrent au milieu du dépôt des munitions et firent sauter deux caissons d’artillerie, dont l’explosion tua ou blessa beaucoup de monde. Alors le désordre se mit - dans cette partie de l’armée, les conducteurs s’enfuirent avec leurs caissons et le feu se ralentit, faute de munitions. Dans le même moment, une partie de l’infanterie opérait un mouvement rétrograde et allait rendre la confusion générale, mais Kellermann s’y portant de sa personne, parvint à lui faire reprendre sa première position.

Le duc de Brunswick voyant que le feu de son artillerie n’a pas réussi à ébranler les troupes françaises, veut essayer une attaque de vive force. Vers les onze heures, le feu de ses batteries redouble, il forme trois colonnes d’attaque soutenues par la cavalerie : les deux colonnes de gauche se dirigent sur le moulin de Valmy, la droite se refusant et se tenant en mesure. Ces attaques en ordre oblique étaient la tactique familière des Prussiens.

Kellermann dispose son armée en colonnes par bataillon ; quand elles sont formées, il les parcourt et leur adresse cette courte harangue : « Camarades, voilà le moment de la victoire ; laissons avancer l’ennemi sans tirer un seul coup de fusil, et chargeons-le à la baïonnette. »

L’armée, pleine d’enthousiasme et déjà aguerrie par une canonnade de quatre heures, répond aux paroles de son général par des cris multipliés de : Vive la nation ! Kellermann lui-même met son chapeau au bout de son sabre et répète : Vive la nation ! En un instant, tous les chapeaux sont sur les baïonnettes et un immense cri s’élève de tous les rangs de l’armée.

Ces mouvements, cet enthousiasme, annonçaient une armée qui brûlait de combattre ; l’ennemi s’étonne, ses colonnes s’arrêtent : "La victoire est à nous ! " cria Kellermann, et l’artillerie, dont le feu redouble, foudroie les têtes de colonnes prussiennes. Le duc de Bruswick donne le signal de la retraite, vaincu seulement par la résistance. Le feu continue jusqu’à quatre heures du soir. Encore une fois l’ennemi reforme ses colonnes et essaie une nouvelle attaque ; mais la bonne contenance de l’armée française, son ardeur manifestée par de nouveaux cris, suffit pour l’arrêter une seconde fois ; vers sept heures du soir, les coalisés rentrèrent dans leurs premières positions, laissant aux Français le champ de bataille jonché de morts.

Deux armées avaient assisté à ce combat sans y prendre part : celle de Dumouriez et celle de Clairfayt. Dumouriez avait fait toutes ses dispositions pour venir au secours de Kellermann en cas d’échec, ou pour prendre part à l’affaire si elle devenait générale. Clairfayt s’était contenté de montrer trois têtes de colonnes vers Valmy et Maffrievart pour tenir les Français dans l’incertitude et menacer en même temps la tête du camp de Sainte-Menehould et les derrières de la droite de Kellermann.

Le duc de Brunswick était si sûr de vaincre, qu’il avait cru pouvoir se passer de l’assistance efficace de Clairfayt et des Autrichiens.

Il y eut d’engagés à la bataille de Valmy 24 000 Français contre 100 000 Austro-Prussiens.. Dans cette journée, Kellermann avait sauvé la patrie et révélé aux Français le secret de leur valeur. C’en est fait, la coalition est vaincue sur ce point ; 80 000 ennemis, qui avaient marché comme en triomphe, s’arrêtent, saisis de crainte, et l’armée française qui, jusque-là, avait redouté son inexpérience, devant des