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JUS


L’Adonis avait ordre de rallier la flotte qui devait s’emparer d’Alger. Peu de jours après Youssouf débarqua à Sidi— Ferruch avec l’armée.

Pendant la campagne, il resta attaché au général en chef, et fut placé comme interprète auprès du commissaire général de police. Plusieurs missions périlleuses dont il s’acquitta avec zèle et intelligence, près des chefs des diverses tribus éloignées, lui ouvrirent enfin la carrière des armes. Il fut nommé capitaine dans le 1" régiment, des chasseurs d’Afrique le 25 mai 1831, et bientôt après promu aux fonctions de lieutenant de l’Agha. Désigné par le duc de Ro-vigo pour faire partie de l’expédition de Bone, il aida de son courage M. d’Ar-nmhdy, capitaine d’artillerie, et ce fut aux etforts de ces deux officiers que l’armée dut de pouvoir occuper la citadelle, presque sans coup férir. Cette action valut à Youssouf la croix de la Légion-d’Honneur. 11 contribua plus tard à conserver cette conquête à la France. Depuis huit jours, la poignée d’hommes à laquelle aVait été confiée la défense de la ville, était enfermée dans la casbah : Youssouf, averti par un de ses gens que les Turcs avaient formé le complot de l’assassiner pendant la nuit, de massacrer les Français et de s’emparer du fort, va trouver le capitaine d’Armandy qui commandait la garnison, lui fait connaître l’imminence du danger, et lui déclare qu’il ne.sait qu’un moyen d’y échapper. « II faut, que je sorte avec mes Turcs, ajoute-t-il. — Mais ils te tueront, répond l’officier français. — Que m’importe, répond Youssouf ; j’aurai le temps d’en-clouer les pièces qui sont à la marine. Je succomberai, je le prévois, mais tu seras sauvé, et le drapeau français ne cessera pas dé flotter sur. Bone. » — A peine

a-t-il prononcé ces mots qu’il sort, suivi de ses Turcs. La porte de la casbah est aussitôt murée derrière lui ; parvenu au bas de la ville, Youssouf s’arrête, et s’a-dressant à sa troupe : « Je sais, dit-il, qu’il y a parmi vous des traîtres qui ont résolu de se défaire)de moi dans la nuit prochaine. Je les connais, qu’ils frappent d’avance ceux qui ne craindront pas de porter la main sur leur chef. Puis se tournant vers l’un d’eux : « Toi, tu es du nombre, lui dit-il, et il l’étend mort à ses pieds. » — Cet acte de résolution déconcerte les conjurés ; ils tombent à ses genoux, et lui jurent une fidélité à laquelle ils n’ont pas manqué depuis.

Youssouf se fit encore remarquer pendant les campagnes de 1832 et 1833, et fut nommé, le 7 avril 1833, chef d’escadron dans le corps des Spahis réguliers.

A l’époque de l’expédition du maréchal Clausel sur Mascara, Youssouf arriva à Oran, après avoir traversé plus de vingt lieues de pays, accompagné seulement de quelques cavaliers ; le maréchal lui confia alors lebeylick de Constantine. Il fut nommé officier de la Légion-d’Hon-neur le 14 août 1835. Sa conduite distinguée en 1836 et 1837 lui valut, le 18 février 1838, le grade de lieutenant-colonel, et il fit, à la tête de son corps de Spahis, les campagnes de 1838 à 1841. Il a été nommé colonel de la cavalerie indigène d’Afrique lé 19 mai 1842, et promu au grade de maréchal de camp après la bataille d’Isly. Le général Youssouf continua à se montrer glorieusement dans la lutte contre Abd-el-Kader ; le 23 décembre 1845, il battit l’émir à Tenda dans un combat de cavalerie. Le 13 mars 1846, il l’atteignit de nouveau, le battit, lui enleva tous ses bagages et fut sur le point de l’enlever lui-même.