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t( D’un patriotisme des plus fortement prononcés ; capable des plus grands services pour le bien et raffermissement.de la République et de la liberté. Officier d’un mérite distingué, soit comme officier d’artillerie, soit comme officier d’état-major, zélé, actif, très-intelligent. »

Il fit les campagnes de l’an III à l’an VI aux.armées du Rhin, de Rhin-et-Moselle et d’Angleterre, et s’embarqua le 30 floréal an VI, avec l’armée d’Orient. Après la prise de possession du Delta, il fut nommé commandant de la place de Rosette. Au mois de floréal an VII, un fanatique, qui se disait l’ange El-Mohdhy, et qui était parvenu à former une armée d’Arabes de différentes tribus et de Mamelucks, s’avança vers le Nil ; repoussé par le cbef de brigade Lefebre, l’ange se présenta devant Rosette, pensant pouvoir s’en emparer aisément ; mais Jullien marcha au-devant de lui, le battit et le força à se retirer avec précipitation. Au mois dé thermidor suivant, Jullien commit un acle de désobéissance, qui aurait pu le compromettre si le succès lui eût échappé.

Les Turcs débarquèrent sur la plage d’Aboukir. Marmont, commandant à Alexandrie, effrayé de l’attaque dont il se croyait menacé, envoya courrier sur courrier au général en che,f pour presser l’arrivée de l’armée, et ordonna à toutes les garnisons relevant de son commandement, de le venir joindre. Jullien senlit qu’il y aurait de graves inconvë-niens à évacuer Rosette, et il y resta quoiqu’il n’eût que 200 hommes avec lui ; mais il s’était fait aimer des habitants et comptait sur leur bienveillant appui. Il.écrivit au général en chef pour lui expliquer les motifs de sa détermination, et pour lui recommander sa mémoire s’il succombait. Cependant, le bruit de l’évacuation avait couru dans la ville. Une députation de trente-six no-

tables se présenta à Jullien, et un vieillard de la députation lui dit au nom de tous : « Commandant, on assure que tu vas nous quitter. Reste ici parmi des amis ; tu nous a gouvernés en père ; personne n’a à se plaindre dé toi ; tu n’as dérobé l’argent d’aucun de nous ; tu peux compter sur l’attachement que nous t’avons voué ; nous combattrons h tes côtés si l’on vient t’attaquer ; mais si tu pars, ne t’offense pas si, pour éviter la vengeance des Osmanlis, nous nous montrons tes ennemis ; nous serons peut-être obligés de tirersur toi, maissois sûr que nos coups ne t’atteindront pas. »

Jullien leur répondit qu’il avait foi en eux, et qu’il ne leur demandait qu’une neutralité complète, attendu qu’il avait des forces suffisantes pour défendre Rosette. Pendant les huit jours qui suivirent le débarquement des troupes et qui précédèrent l’arrivée de notre armée, les effets suivirent les promesses. Il n’y eut pas la plus légère sédition, et chacun s’empressa" de fournir au commandant les moyens de faire parvenir à l’armée des vivres et des munitions. Le ’général, en chef envoya à Jullien une lettre de félicitations de sa conduite, et Berthier, dans son ouvrage de l’expédition d’Égypte, rend justice à sa prudence et à son intrépidité.

Rentré en France au mois de germinal an IX, il fut nommé, par arrêté du 9 thermidor de la même année, préfet du département du Morbihan. Mis en traitement de non-activité comme adjudant-général le 1" vendémiaire an X, le premier Consul le promut au grade de général de brigade le 11 fructidor an XI, tout en lui conservant la préfecture qu’il lui avait confiée. Créé membre de la Légion-d’Honneur le 19 frimaire an XII, et conseiller d’État le 12 pluviôse, il prévint le ministre de la justice, le 24- floréal, que parmi les in-