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Lorsque l’arméeprussienne, victorieuse en Champagne, se disposait à marcher sur Paris, on confia à Berruyer le commandement des troupes rassemhlées sous la capitale. Il se montra digne de cette haute marque de confiance par un patriotisme à toute épreuve, et par la fermeté avec laquelle il réclama du gouvernement l’amélioration du sort de ses compagnons d’armes, qu’on osait laisser dans le plus honteux dénûment.

Appelé, la même année, aux fonctions de commandant en second de Paris, il devint ensuite général en chef de l’ar-méede l’Ouest, et s’empara de Chemillé, où, le 16 août 1793, il remporta une victoire signalée sur les Vendéens.

Malheureusement, le général Ligon-nier, qui, avec une autre division, les avait attaqués à Vezin, battit en retraite » Berruyer, ’ dans une lettre à la Convention, accusa de ce revers la lâcheté de quelques corps de volontaires, l’inexpérience deceux qui les commandaient, la famine et le dénûment absolu d’une armée obligée de. combattre dans les taillis et les marécages. Des députés de Maine-et-Loire l’accusèrent alors d’avoir laissé prendre toute l’artillerie par sa lenteur et son refus de communiquer ses plans aux commissaires du département.

Berruyer reçut l’ordre de se rendre aussitôt à Paris, où,1a Convention le traduisit à sa barre. Une autre accusation vint l’y frapper ; le député Chasles lui reprocha sa tenue militaire, comme incompatible avec la simplicité qui devait distinguer les armes d’un républicain. Goupilleaux prit alors la défense du général en chef de l’armée de l’Ouest, puis Chaudieu, représentant du peuple près de l’armée de réserve qui se trouvait à Angers vers le même temps, adressa à la Convention une lettre dans laquelle il faisait justice de la ridicule attaque dont Berruyer avait été l’objet, attaque qui, fort heureusement, n’eut pas plus de succès que la dénonciation.

« Berruyer, disait-il, en terminant cette lettre, a des formes trop républicaines pour des hommes qui ne sont pas encore nés à la liberté ; il professe des principes trop austères pour des hommes qui ne se doutent pas qu’on puisse aimer et servir la patrie pour elle-même. Celui qui s’est élevé constamment’ contre les désorganisateurs, celui qui poursuit avec sévérité tous les genres de brigandages, celui qui veut que le soldat obéisse et se batte, doit compter autant d’ennemis qu’il y a de traîtres et de lâches : voilà les crimes de Berruyer et des généraux qui sont sous ses ordres ; nous en avons été les témoins ; et, s’ils sont coupables,. nous sommes leurs complices. » Renvoyé à son poste, Berruyer combattit à la prise de Saumur, y fut danger reusement blessé, et revint à Paris, où il. fut nommé inspecteur général des armées des Alpes et d’Italie. Lorsque, le 13 vendémiaire an iv, la Convention appela autour de son enceinte les troupes du camp des Sablons pour réprimer l’insurrection des royalistes qui avaient arboré la bannière des sections, Berruyer eut, le commandement d’un corps formé spontanément en faveur de l’Assemblée, se distingua dans le combat qu’il livra aux : ennemis du gouvernement, y eut un cheval tué sous lui, et mérita les éloges de ceux,pour lesquels il avait combattu.

Après avoir été employé par le gouvernement directorial, Berruyer ’fut nommé, gouverneur des Invalides, et mourut le 7 floréal an XII, dans sa soixante-septième année. Il avait été fait membre de la Légion d’honneur le 19 frimaire de la même année.

Son nom figure sur le monument de l’Étoile, côté-ouest.

BERTHEZÈNE (PIERRE, baron)

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