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l’armée autrichienne. A Austerlitz, il commanda le centre de l’armée française qui résista au choc désespéré des Russes., En 1806, le 5^juin, le maréchal Bernadette fut créé prince de Ponte-Corvo. Cette même année, dans la campagne de Prusse, il commanda le 1er corps ; àléna, sa conduite fut telle que l’Empereur avait signé l’ordre de le faire traduire devant un conseil de guerre ; il avait manqué de faire perdre la bataille. Ce fut lui qui poursuivit Blucher, le força de capituler et s’empara de Lubeck, où le carnage fut horrible malgré les efforts des généraux pour l’arrêter. Bernadotte eut, en cette occasion, les plus grands égards pour ce qui restait d’habitants à Lubeck et surtout pour les prisonniers suédois.

Au commencement de 1807, il livra, le 27 janvier, le sanglant combat de Noh-rungen. Une blessure qu’il reçut à Span-den, le 5 juin, l’empêcha de prendre part à la bataille de Friedland. Après Ja paix de Tilsitt, il commanda, jusqu’en 1809, l’année d’occupation de l’Allemagne septentrionale.

A la rupture entre la France et l’Autriche, il prit le commandement de l’armée saxonne. A Wagram, après avoir défendu pendant plus de deux heures le village de ce nom, dévoré par les flammes, il envoya demander du secours au général Dupas ; celui-ci refusa, se fondant sur des ordres supérieurs ; alorsBer-nàdotte fit tous ses efforts pour sauver le reste de ses braves, et se rendit au quartier général de Napoléon pour se plaindre et donner sa démission. Il se retira à Paris, sortit un instant de son repos pour repousser les Anglais à Wâlcheren, et reçut, en 1810, la nouvelle de son élévation au. rang de prince héréditaire de Suède. La seule condition qu’on lui imposa fut d’abjurer la religion catholique

pour la réformée. Eugène s’y était refusé, sa femme, princesse de Bavière, n’aurait pu s’en consoler. Bernadotte abjura le 20 octobre, il débarqua à Helsingborg, et le 31 suivant, il fut présenté aux États ; le 5 novembre, adopté par le roi Charles XIII, il prit les noms de Charles-Jeari et dès 1811, pendant la maladie de son père adoptif, il commença à diriger les affaires du royaume.. En 1812, il provoqua le décret qui ouvrit les ports de la Suède au commerce de tou tes les nations. Cette même année, il tint un moment en ses mains les destinées du monde : Avant que Napoléon eût atteint Moscou, il pouvait reprendre là Finlande et marcher sur Pétersbourg ; mais il céda à des ressentiments personnels ; il "sacrifia sa nouvelle patrie et l’ancienne, sa propre gloire, la cause des peuples et le sort du monde. En 1813 (juillet), il se joignit à la coalition contre la France,-non sans avoir tenté tous les moyens d’éclairer Napoléon sur les dangers de sa situation ; il prit le commandement de l’armée alliée du nord de l’Allemagne, se signala aux journées de Gros-Beeren et de Dennë-witz, contribua, par une marche savante, à la victoire de Leipzig, puis descendit l’Elbe, s’empara de Lubeck et se dirigea vers le Holstein, où il força le roi de Danemark à signer, le 14 janvier 1814, la-paix de Kiel, en vertu de laquelle la Nor-wège fut cédée à la Suède. Il s’avança. ensuite lentement vers la France à la tète de son armée et gagna assez de temps" pour que la nouvelle de la paix de Paris le dispensât -de passer le Rhin. Il avait protesté hautement contre l’invasion du territoire français, et accusa les alliés de manquer à la foi promise. En 1815, il refusa formellement d’entrer dans la seconde coalition contre Napoléon.

Le 5 février 1818, à la mort de Charles XIII, il monta sur le trône de Suède