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Soldat, il fit la guerre àeSept-Ans, et se trouva, en 1755, à la prise d’assaut de Port-Mahon ; officier général et employé à l’armée du Rhin en 1792, il fut chargé en 1793 delà défense de Landau. Jusque-là on ne voit que le militaire brave, zélé, intelligent ; à Landau, il se montra homme de dévouement patriotique.

« Le général Wurmser, commandant les troupes impériales sur le haut Rhin, lui ayant fait proposer un jour une entrevue, le général Gilot voulut bien y consentir et fixa le lieu du rendez-vous. Les deux généraux s’y trouvèrent au jour marqué, accompagnés de quelques officiers. M. Wurmser déclara au général français que son corps d’armée, joint à celui des Prussiens, sous les ordres du prince de Hohenlohe, n’étant qu’à une lieue et demie de Landau, pourrait entreprendre le siège à toute heure, mais qu’il serait fâché d’être, malgré lui, la cause de sa ruine et de celle des habitants ; il rappela au général Gilot ce qu’il devait, disait-il, à son nouveauroiLouis XVIII ; enfin, il lui promit de le recommander fortement à Sa Majesté impériale, ajoutant que, dans le cas d’un refus, il ne lui serait pas. difficile d’obtenir par la force la fin de sa proposition.

« Le général Gilot répondit avec autant de décence que de modestie, et déclara que la défense de la place lui ayant été confiée parla nation, il ne la rendrait qu’avec la vie. Les deux généraux prirent alors congé l’un de l’autre ; un des ’ officiers français s’écria en s’en allant : Notre général ne sera pas un Dumouriez. Gilot, de retour à Landau, renouvela avec toute la garnison le serment qu’il avait fait devant le général Wurmser, de s’ensevelir sous les ruines de la ville, plutôt que de se rendre. Une seconde sommation, qui lui fut faite au commencement de mai, eut le même sort que la première.

« Le général Gilot en ayant donné lecture à la parade, la proposition de l’ennemi ne servit qu’à augmenter l’ardeur des troupes et leur confiance dans leur général. Le général Gilot, élevé dans les camps, était à la fois le père et l’ami de ses frères d’armes ; il voyait tout et faisait tout par lui-même (1). »

Après plusieurs sorties vigoureusement et heureusement conduites, Gilot, appelé à l’armée active, fut suspendu de ses fonctions par les représentants Ruamps etMalarmie. Réintégré en messidor an lit, il fit les campagnes des ans III et IV à l’armée des côtes de Cherbourg, et pendant les ans V et "VI, il commanda la 4e division militaire, qu’il quitta, au commencement de l’an VII, pour la 17° ; mais il retourna à la 4e à la fin de la même année. En l’an XII, il fut nommé membre et commandant de la Légion-d’Honneur les 19 frimaire et 25 prairial.

Sa conduite, pleine de droiture, d’humanité et d’intelligence, le fit estimer des habitants de la Meurthe et du gouvernement, aussi conserva-t-il son commandement jusqu’en 1812, époque de sa mort. Son nom est inscrit sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Nord.

GIRARD dit VIEUX (baron)

naquit à Genève en 1750, d’une ancienne famille du pays, entra fort jeune dans les gardes suisses au service de la France, et restapendantdouze annéesdansce corps.

Il retourna à Genève, où il prit parti dans les discussions politiques qui tourmentaient ce petit État, et fut exilé. Retiré en France, il prit parti pour la Révolution et rentra au service comme chef de bataillon du 3e bataillon de la

(1) Galerie Militaire, au XIII, t. IV, p. 180 et 188.