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pour venger sa défaite par le meurtre, le pillage et l’incendie.

Quelque temps après, rappelé à la grande armée, d’Espagne y reçut, le 22 novembre 1806, le commandement de la 3’ division de cuirassiers, avec laquelle il prit, le 10 juin 1807, une part glorieuse, et fut grièvement blessé à la bataille d’Heilsberg, L’Empereur saisit cette occasion pour récompenser ses services en le faisant, le 11 juillet, grand officier de la Légion-d’Honneur, puis, en 1808, comte de l’Empire.

Ce fut en opérant une des charges qui décidèrent le succès de la bataille d’Ess-ling, le 22 mai 1809, que d’Espagne fut frappé par un boulet ; porté dans l’île Lobau, il y mourut le soir de cette grande journée, des suites de sa blessure. Sa statue équestre, que l’Empereur, par décret du 1er janvier 1810, destinait à décorer le pont de la Concorde, a été transportée, en 1816, à l’hôtel des Invalides. Son nom est inscrit sur le côté Est de l’arc de triomphe de l’Étoile.

ESPARTERO (Don BALDOJIEKO)

comte de Luchana, duc de la Victoire, duc de Morella, grand d’Espagne de ! " classe, ex-généralissime des armées espagnoles et ex-président du conseil de régence, etc., est né en 1793, à Granatula, petit village de la Manche ; il est le neuvième fils d’un voiturier Manchegue. Il entra au couvent pour y faire ses études en 1808. 11 avait 16 ans. 11 s’enrôla dans un bataillon composé d’étudiants et de séminaristes, se distingua par sa bravoure, fut reçu à l’École militaire de l’île Saint-Léon, et en sortit sous-lieutenant, fit partie en 1814 d’une expédition dirigée contre les insurgés de l’Amérique du Sud, fit rapidement son chemin, à force de mérite et d’intrépidité. Colonel en 1824. Passionné pour le jeu, il s’y fit une fortune considérable ; il était d’une adresse incroyable au maniement de toutes les armes. Chargé de rapporter en Espagne les drapeaux conquis, il reçut le grade de brigadier, et épousa la fille d’un riche propriétaire de Logrono. Il se déclara en faveur d’Isabelle II, et fut nommé commandant général de la province de Biscaye ; il fut battu plusieurs fois par Zuma-lacarreguy, ce qui ne l’empêcha pas, vu sa bravoure et son mérite, de devenir maréchal de camp et lieutenant-général.

Le 17. septembre 1836, un décret le nomma, après le départ de Cordova, général en chef de l’armée d’opérations du Nord. Vice-Roi de Navarre et capitaine général des provinces basques, il se montra négociateur et temporisateur plus qu’homme de guerre ; réorganisa l’armée espagnole indisciplinée et démoralisée, remporta sur le parti carliste une victoire signalée à Luchana, avec le secours, il est vrai, de ISO artilleurs anglais, et délivra Bilbao.

En mai 1839, il s’empara par un coup de main des positions formidables des carlistes, acheva de les mettre en déroute, et termina, le 29 août, par la convention de Bergara, cette guerre civile qui avait duré sept ans : Don Carlos et bientôt Ca--brera passèrent en France. C’est là que finit la vie militaire d’Espartero.

Le 1" septembre 1840, à la suite d’une insurrection grave qui avait éclaté à Madrid, la reine régente abdiqua et Espar-tero fut nommé chef d’une régence provisoire. La dissolution des cortès fut prononcée ; les nouvelles cortès confirment son tilre de Régent. La tutelle même fut enlevée à Christine : Espartero régna et gouverna attendant la majorité d’Isabelle II.

Le traité de Bergara, signé le 3 août 1839, mit fin à la guerre des carlistes et des christinos ; mais il ne détruisit pas les germes de discorde qui naissaient des mauvaises institutions de l’Espagne. Les

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