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commandement en chef. Ce général s’exprimait ainsi qu’il suit sur le compte d’Éblé dans une lettre adressée à la Convention : « La conduite du général Éblé est vraiment très-active, on ne peut concevoir comment il a pu suffire à cette énorme consommation de poudre et de boulets que nous avons envoyés. » II faut ajouter que, dans tous ces combats, il ne perdit pas un seul canon, et que l’artillerie qui, ordinairement, compromet les retraites, décida du succès de celle de Moreau.

En 1797, le général Éblé commanda seul l’artillerie dans le fort de Kelh, pendant le long et mémorable siège que fit de cette place l’armée autrichienne sous les ordres de l’archiduc Charles. Il prouva qu’il n’était pas moins savant dans l’art de défendre les places que dans celui de les attaquer.

Bientôt, nous le voyons en présence de difficultés nouvelles : il est à Rome où il doit commander l’artillerie de l’armée que Championnet conduit à la conquête du royaume de Naples. Mais cette artillerie n’existe pas ; heureusement les ennemis ont des canons et nos soldats sont là pourles leur enlever. Éblé compose ses équipages de campagne avec les pièces prises aux Napolitains. Gaëte lui fournit des canons pour assiéger Capoue, et cette place se rend le 10 janvier 1799 ; Éblé en prit possession, surveilla l’exécution de l’important article de la capitulation, qui mettait au pouvoir de l’armée française toute l’artillerie de l’arsenal de la place. La prise de possession par les Français de cet important matériel détermina la soumission de Naples, et, le 20 janvier, les Français entraient dans la seule capitale de l’Italie qu’ils n’eussent pas encore visitée en vainqueurs depuis le commencement de l’ère révolutionnaire.

En 1800, il alla rejoindre Moreau à l’armée du Rhin, et une fois encore il mérita les témoignages les plus honorables de sa satisfaction : « On ne saurait, écrivait Moreau, trop faire l’éloge de l’artillerie, qui, par son organisation et la manière dont elle est manœuvrée dans les combats, s’est acquis l’estime de tous les corps de l’armée. C’est un hommage bien juste à rendre au général Éblé qui la commande, et qui doit être compté dans cette arme comme un des meilleurs officiers de l’Europe. »

Quand fut signée la paix de Lunéville, le général Éblé ramena en France la plus belle artillerie qu’on eût encore vue, et déposa dans les arsenaux de Metz ; Strasbourg et Neufbrisach, d’énormes approvisionnements d’acier, de fer et de bois, en même temps qu’il remettait dans les caisses des directions de ces villes des sommes considérables, produits de la vente des objets d’artillerie pris sur l’ennemi.

La République batave s’était engagée, par une convention spéciale, à entretenir à ses frais une armée française sur son territoire. Attaché à cette armée en 1803, Éblé fut chargé de tous les détails de l’organisation de l’armée placée sous ses ordres. Il passa l’année suivante au commandement des équipages de l’armée de Hanovre, laquelle devint ensuite le 6e corps de la grande armée. C’est alors qu’il fut nommé gouverneur de la province de Magdebourg, où il laissa d’honorables regrets lorsqu’il quitta cette province pour aller inspecter, en 1808, toute la ligne qui s’étend depuis Huningue jusqu’à Anvers.

A cette époque, l’Empereur lui conféra le titre de baron. L’année suivante, il passa au service de Westphalie, comme ministre de la guerre du roi Jérôme. Ses sages mesures et son activité déconcertèrent les projets insurrectionnels du major Schill, et c’est en récompense de ce service que Jérôme le nomma colonel général de ses gardes du corps.

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