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opérations et de la conduite du général Éberlé dans cette circonstance fut soumis au ministre de la guerre le 15 novembre 1815 ; mais les services qu’il venait de rendre au pays n’étaient pas de la nature de ceux qui pouvaient obtenir les bonnes grâces du gouvernement de cette époque : aussi le vieux guerrier fut-il mis à lare-traite par ordonnance royale du S juin 1816. Mort le 16 février 1837.

ÉBLÉ (JEAN-BAPTISTE, comte)

naquit le 21 décembre 1768, à Saint-Jean de Rozbach (Moselle). Fils d’un officier de fortune, qui servait au régiment d’Aus-sone, il devait, comme son père, passer sa vie dans les camps ; aussi entra-t-il ? à neuf ans (21 décembre 1767), comme canonnier dans le régiment où servait son père. En 1791, c’est-à-dire après vingt-quatre ans de service, il était capitaine en second. Il servit, dans l’armée de Dumouriez jusqu’au mois de juillet 1793.

Quand l’Europe coalisée menaça les frontières de la France, il se trouvait à Naples, où il avait été envoyé pour organiser l’artillerie.

Un des premiers il forma une compagnie de canonniers à cheval ; élevé bientôt au grade de chef de bataillon, il fut attaché à l’état-major au mois d’avril de la même année.

Les "flots de volontaires qui se précipitaient alors sous les drapeaux avaient apporté avec eux la confusion dans les rangs de l’armée. Grades, emplois, étaient offerts au plus habile, au plus entreprenant. C’est ainsi que le chef de bataillon Ëblé commandait une division à la bataille d’Hondscoote et au déblocus de Dunkerque. Élu général de brigade, le 27 septembre 1793, le 15 octobre suivant, sa belle conduite à la journée de Waltignies lui mérita le grade de général de division, dont il avait déjà rempli les fonctions.

L’émigration avait privé la France de tous les officiers spéciaux ; l’artillerie surtout était dans le plus déplorable dénû-ment ; Éblé se chargea de la recréer. Par son intelligence et son activité, plus de 2,000 fourgons se trouvèrent approvisionnés, et Lille vit se rassembler sous ses murs un magnifique parc de siège.

C’est pendant cette terrible guerre des Pays-Bas qu’il imagina de partager les bouches à feu entre les différentes divisions de l’armée, formant ainsi des parcs de réserve et des dépôts de munitions sur toutes les lignes d’opérations, système dont l’expérience a démontré l’utilité, et qui depuis fut constamment suivi. Lorsque Moreau vint prendre le commandement en chef de cette brave armée que Dumouriez venait d’abandonner, le général Éblé était à la tête de l’artillerie ; il la dirigeait au siège d’Ypres, en juin 1794, et en juillet à celui de Nieuport. C’est par ses conseils que fut placée une batterie de 42 bouches à feu à 200 toises des glacis. Les ravages de ces canons, dont tous les coups portaient sur les quartiers les plus riches, forcèrent la garnison à capituler après trois jours de tranchée.

Il conduisit les sièges de l’Écluse, de Bois-le-Duc, de Crève-Cœur, de Nimè-gue, qui, grâce à ses soins, se rendirent avant que les neiges et les glaces ne fussent venues apporter à ces diverses places un secours devant lequel l’artillerie serait devenue impuissante.

En général habile, il sut profiter du grand froid des années 1794 et 1795 : tous les fleuves et tous les canaux de la Hollande, étaient gelés. Il y lança hardiment son artillerie. Ainsi s’effectua en quelques semaines cette prodigieuse conquête de tout un pays qui avait si courageusement et si longuement résisté à la majestueuse royauté de Louis XIV.

Éblé fut ensuite envoyé à l’armée du Rhin, dont Moreau venait de prendre le