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DUMOURIEZ (CHARLES-FRANÇOIS)

né à Cambrai le 25 janvier 1739, d’une ancienne famille parlementaire de Provence qui portait le nom de Duperrier.

Dumouriez vient, par corruption, de Mouriez, nom de la femme de sa bisaïeul. Le père de Dumouriez était commissaire des guerres. Il fit sa première campagne à 19 ans, comme cornette de cavalerie dans le régiment d’Escars, et il était parvenu au grade de capitaine, lorsqu’à la paix de 1763, il se trouva compris dans une réforme nombreuse, n’ayant recueilli de sept années d’un brillant service et de 22 blessures qu’un brevet de pension de 600 livres qui ne lui fut jamais payé et la croix de Saint-Louis. Dans cette situation précaire, il alla offrir ses services à la République de Gênes qui faisait la guerre en Corse ; il fut refusé. Il alla trouver Paoli, qui le repoussa également. Il tenta alors de révolutionner la Corse au profit delà démocratie ; il n’eut pas plus de succès. Enfin, il alla présenter au duc de Choiseul un plan pour la conquête de l’île ; le ministre le repoussa durement.

Mais le beau-frère de la Dubarri le fit rentrer en grâce ; le duc de Choiseul accorda à Dumouriez une gratification de 18 mille livres, et lui confia une mission secrète à la cour de Madrid. Au retour de cette mission, il reçut un brevet d’aide-major général pour aller faire la guerre en Corse, sous MM. de Chauvelin et Devaux.

En 1770, on le chargea d’une autre mission secrète en Pologne, auprès des chefs du parti de l’indépendance, réunis à Êperies en Hongrie. Dans ces entrefaites, le duc de Choiseul mourut, et il se trouva sans instructions. Il se plaça alors à la tête d’un parti de confédérés, attaqua 5,000 Russes commandés par Suvarow, qui battit et dispersa sa troupe. D’Aiguillon, successeur du duc de Choiseul, le rappela en

1772. Il alla alors aider Gustave III dans sa lutte contre l’aristocratie suédoise. Cette mission lui avait été donnée par le duc de Broglie, ministre de la correspondance secrète de Louis XV. D’Aiguillon, qu’on n’avait point informé, le fit arrêter à Hambourg et enfermer à la Bastille, puis au château de Caen, d’où il ne sortit qu’à la mort du roi. Louis XVI lui rendit son grade de colonel et l’envoya à Lille enseigner l’exercice à la prussienne, puis, peu après, le fit gouverneur de Cherbourg, où il dirigea pendant onze ans, avec talent et activité, les travaux du nouveau port. On l’avait nommé pendant ce temps brigadier en 1787, maréchal de camp en 1788, et commandant de la garde nationale de Cherbourg.

En 1789, il vint à Paris, se lia avec Lafayette, Mirabeau, et adopta avec circonspection les principes de la Révolution, se fit recevoir aux Jacobins en 1790, se fit donner néanmoins un commandement en Vendée en 1791, fut nommé lieutenant-général par ancienneté et ministre des relations extérieures en 1792 ; fit licencier la garde constitutionnelle de Louis XVI, provoqua la déclaration de guerre au roi de Hongrie, opéra le renvoi des ministres Roland, Servan et Clavière ; fut chargé un moment du ministère de la guerre, en sortit le 15 juin et alla commander à l’armée du Nord, sous les ordres de Lukner, la division du camp de Maulde ; enfin, après le 10 août, par l’influence de Danton, son ami, il prit le commandement de l’armée des Ardennes, que Lafayette venait de quitter.

Dumouriez n’avait à opposer au duc de Brunswick, qui avait 60,000 hommes, qu’environ 28,000 hommes. Les ennemis menaçaient Verdun : il s’empare des défilés de l’Argonne, seul moyen d’arrêter leur marche. Le 4 septembre 1792, il écrit à Paris la dépêche suivante :