Page:Mullié - Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, I.djvu/460

Cette page n’a pas encore été corrigée

Noire s’élève presque à-pic ; sa pente va se perdre, à droite, dans le ruisseau de Darnuys, à gauche dans l’Obregal.

« Le comte de La Union, général en chef des troupes espagnoles, avait garni de retranchements toutes les hauteurs à la gauche de Darnuys et sous la montagne ; pas une éminence qui n’eut sa batterie. « La mauvaise saison approchait. La Union paraissait décidé à la passer derrière ses 80 "et quelques redoutes ; mais Dugommier, lui, avait résolu de se rendre maître de toutes ces positions formidables. Son plan était arrêté, et l’exécution en fut fixée au 27 novembre 1794.

« Pour mieux suivre les chances du combat, Dugommier s’était rendu à quatre heures du matin sur la montagne Noire, au centre de la ligne de bataille, avec le représentant Delbrel et tout son état-major.

« Dès que le jour permit de distinguer les objets, une pareille affluence de monde sur ce point fit présumer à l’ennemi que le général en chef s’y trouvait, et il y dirigea bombes et obus avec acharnement.

« L’action était engagée ; les opérations prescrites s’exécutaient avec précision et rapidité : Dugommier le vit et alla s’établir, pour déjeuner, au pied d’un mur en pierre sèche, qui formait une espèce de petit enclos, sur le sommet de la montagne ; près de lui se tenaient plusieurs de ses officiers, et le nègre Pa-toche son domestique, ou plutôt son ami le plus dévoué et le compagnon le plus fidèle de tous ses périls. Le représentant Delbrel était à cinquante pas de là dans une batterie d’où nous faisions feu sur le Castillet.

« Dugommier, tout en prenant de bon appétit son repas du matin, observait avec attention les mouvements de ses troupes et ceux de l’ennemi. Tout à coup, il lui semble que l’attaque de sa gauche se ralentit. Il se lève…, en ce moment un obus, parti des redoutes de Pasamilens, passe en sifflant au-dessus de notre batterie, et rase le mur du petit enclos. Dugommier tombe ; on accourt, on le soulève, on l’examine. Il avait trois côtes brisées et l’épaule droite emportée. Il n’était plus, le vaillant capitaine, le vertueux citoyen, le père de l’officier et du soldat.

« Le représentant Delbrel fit transporter à Bellegarde le corps du nouveau Turenne, et il fut enseveli dans la citadelle qu’il avait rendue à la France.

« Le brave Dugommier prit le commandement du siège de Toulon le 20 novembre. Il avait quarante ans de service. C’était un des riches colons de la Martinique, officier retiré. Au moment de la Révolution, il se mit à la tête des patriotes et défendit la ville de Saint-Pierre. Chassé de l’île par les Anglais, il perdit tous ses biens.

« Il avait toutes les qualités d’un vieux militaire ; extrêmement irave de sa personne, il aimait les braves et en était aimé. 11 était bon, quoique vif, très-actif, juste, avait le coup d’œil militaire, du sang-froid et de l’opiniâtreté dans le combat. » {Mémorial de Sainte-Hélène.)

DUHESME (GUILLAUME-PHILIBERT, comte)

né le 7 juillet 1766 à Bourgneuf (Saône-et-Loire), commandant de la garde nationale de son canton jusqu’en 1791, époque à laquelle il entra, comme capitaine, dans le second bataillon de Saône-et-Loire. Cette même année il équipa 200 hommes à ses frais, et Du-mouriez lui confia le commandement de ce bataillon.

Il commandait la place de Ruremonde pendant que l’armée traversait la Meuse ; assura les communications avec la Hol-

DUH

(