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ments ne suivraient plus avec sécurité la marche de l’armée française, et que les convois ne pouvaient s’aventurer dans un pays où manquaient les lieux propres à recevoir des magasins. L’incendie deMoscou justifia les craintes de Daru : « Que faire ? disait l’Empereur à Daru, en jetant les yeux sur les ruines fumantes de la cité sainte. — Res : ter ici, répondit Daru, nous loger dans ce qui reste de maisons, dans les caves ; recueillir les vivres qu’on pourra encore trouver dans cette ville immense ; presser les arrivages de Wilna, faire de ces décombres un grand camp relranché, rendre inattaquables nos communications avec les provinces lithuaniennes avec l’Allemagne, avec la Prusse, et recommencer au printemps prochain.

« — C’est un conseil de lion, s’écria l’Empereur. » Le conseil de lion ne fut pas suivi : Napoléon donna le signal de la retraite.

Pendant cette retraite, le général Mathieu Dumas, malade et dans l’impossibilité de continuer ses fonctions d’intendant général, fut remplacé par le comte Daru. Vers la fin de la campagne il crut devoir donner à ces fonctions le titre d’un ministère spécial dont elles avaient d’ailleurs l’importance.

En 1813, l’intendant général de la grande armée fut nommé grand aigle de la Légion-d’Honneur (22 novembre) et ministre’chargé de l’administration de la guerre. Dans les campagnes de 1813 et 1814, Daru fut ce qu’il avait toujours été, actif, infatigable, fertile en ressources ; mais l’épuisement de la France imposait des limites à sa volonté. Cependant l’administration de la guerre, avec les faibles moyens dont elle pouvait’ disposer, sut pourvoir à toutes les nécessités des différents services ; elle ne put rien dans les malheurs qui amenèrent l’abdication de Fontainebleau.

Louis XVIII le nomma intendant général honoraire et lui donna la croix de Saint-Louis. Témoin et juge sévère des fautes de la Restauration, il seconda de ses vœux seulement le succès de la Révolution du 20 mars. Quand il vint saluer Napoléon aux Tuileries, l’Empereur lui serra affectueusement la main, car il savait qu’il pouvait toujours compter sur son dévouement. Le désastre de Waterloo et la seconde Restauration forcèrent Daru de quitter définitivement la carrière administrative ; il perdit toutes ses places, excepté celle qu’il occupait à l’Institut, où il avait succédé, en 1806, à Colin d’Harleville. Il échappa aux épurations de l’ordonnance de 1816. Rendu à ses livres et à l’étude, Daru trouva le bonheur dans sa retraite studieuse. Il avait renoncé sans regret à la vie politique, il y fut rappelé par l’ordonnance royale du 5 mars 1819 qui le comprit dans la nombreuse promotion de Pairs nommés par le ministre Decazes, à la suite de la réaction contre le parti qu’on appelait alors ultra monarchique.

Quoique appartenant à l’opposition de la Chambre, les opinions et le langage de Daru repoussaient l’idée des hostilités systématiques qui compromettent le succès des meilleures causes. Les ministères Villèle et Polignac trouvaient en lui un rude, mais loyal adversaire.

Daru vit se préparer la révolution de Juillet, mais il mourut avant qu’elle s’accomplît. Une attaque d’apoplexie termina son existence le o septembre 1829. Il se trouvait alors à sa terre de Meulan. Indépendamment de ses traductions du Traité de l’orateur, de Cicéron, et cfes Odes d’Horace, le comte Daru a publié plusieurs grands ouvrages et beaucoup de poésies ; il a laissé surtout un ouvrage qui lui a survécu, et qui assurera sa mémoire contre l’oubli : c’est Y Histoire de

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