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composition sans plan déterminé, ne réussit pas. Toutefois, cet ouvrage se distinguait par la même pureté de goût, la même correction qu’pn avait louées dans la traduction en vers des Odes d’Horace, publiées quelques années auparavant.

Un nouveau théâtre s’ouvrit bientôt pour M. Daru, appelé au Tribunat ; il apporta dans cette assemblée les leçons et les enseignements de son expérience dans tous les détails de l’administration de la guerre.

On ne doit pas s’étonner de voir Daru concourir dans les limites de son influence personnelle à l’établissement de l’Empire, car le premier Consul avait été son général et même son ami ; et puis le nouvel Empereur légitimait son’ introduction par le génie et par la gloire.

Napoléon, empereur, ne fut pas ingrat envers ceux qui avaient favorisé sa promotion, mais Daru avait encore d’autres droits à la bienveillance du nouveau monarque ; ce fut moins le membre du Tri-bunat que l’administrateur que Napoléon nomma membre de la Légion-d’Honneur le 4 frimaire an xu, et commandant le 25 prairial suivant.

La place de Daru était marquée au conseil d’État, et il s’y assit à côté des capacités dont l’Empereur s’entourait. Il prit une part glorieuse à toutes les discussions qui avaient lieu souvent devant Napoléon.

De l’an xu à 1806, Daru fut nommé successivement conseiller d’État, intendant général de la maison militaire de l’Empereur, intendant général de la liste civile, en remplacement de Fleurieu. 0 Commissaire général de la grande armée à l’ouverture de la campagne contre la Prusse, en 1806, il eut une tâche plus pénible à remplir après la bataille d’Iéna : L’Empereur le nomma intendant général des pays conquis, et ces fonctions ’comprenaient l’exécution terrible de la victoire. Il fallait que, suivant l’axiome-

militaire, la guerre nourrît la guerre. La Prusse vaincue, devait payer d’énormes contributions au vainqueur ; un décret de l’Empereur en avait fixé le chiffre, et Daru se trouva investi d’un pouvoir dont il n’était pas en sa puissance d’adoucir la rigueur. Toutefois, s’il fut rigoureux, il ne fut point injuste et jamais on n’attaqua sa probité.

La campagne de 1809 terminée par la bataille de Wagram avait livré aux armées françaises les États héréditaires de l’empire d’Autriche et une grande partie de ses autres provinces. Daru fut investi à Vienne dés mêmes fonctions qu’il avait remplies à Berlin. Il y montra le même droiture, la même modération.

En 1814, de Champagny, ministre des relations extérieures, avait encouru la disgrâce de l’Empereur ; celui-ci voulut néanmoins compenser pour le ministre destitué la perte de son portefeuille ; il le nomrna intendant général des domaines de la couronne à la place de Daru, qui reçut le titre de ministre secrétaire d’État. Il le nomma comte de l’Empire et grand officier de la Légion-d’Honneur le 30 juin 1811.

Vers la fin de 1811 et au commencement de 1815, de graves symptômes de mésintelligence annonçaient l’imminence d’une rupture entre la France et la Russie. L’Angleterre, par ses intrigues et par son or, avait rallié le Czar à la cause de sa haine. De chaque côté on se préparait à la lutte. Napoléon partit et Daru l’accompagna.

Après la bataille de Smolensk, Daru, consulté par l’Empereur, était d’avis que l’armée s’arrêtât, se fortifiât dans cette ville ; il ne la voyait pas sans crainte s’enfoncer au sein de la vieille Russie, en s’acharnant à la poursuite d’un ennemi qui se dérobait devant elle par une fuite calculée. Il objecta, au nom de son expérience, que les approvisionne-

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