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nation, démâté de son mât d’artimon, de son grand mât et de son petit mât de hune, allait tomber au milieu des bâtiments anglais, lorsque Cosmao, par une belle et audacieuse manœuvre, vint le couvrir par le travers, et s’exposer ainsi aux terribles effets de plus de 100 pièces vomissant la mitraille et les boulets. A Trafalgar, il soutint dignement sa réputation ; il manœuvrait de manière à empêcher l’ennemi de couper notre ligne de bataille, secourant ceux de nos vaisseaux par trop pressés, et quand la victoire se déclara pour Nelson, il rallia les débris de notre flotte, et, toujours combattant, il les réunit dans la baie de Rota. Il obtint pour récompense, du gouvernement espagnol, la grandesse de 1re classe, et de l’Empereur le grade de contre-amiral. Investi quelque temps après du commandement d’une escadre dans la Méditerranée, il ravitailla la place de Barcelone en vue d’une flotte anglaise considérable et lui livra d’honorables combats les 5 novembre 1813 et 10 février 1814.

Commandant de la Légion-d’Honneur depuis le 7 avril 1812, il devint chevalier de Saint-Louis le S juillet 1814. Pair de France, préfet maritime à Brest pendant les Cent-Jours, il prit sa retraite en 1816 et mourut à Brest le 17 février 1825.

COURIER (PAUL-LOUIS)

OU plus exactement Paul-Louis Courier de Mère, né à Paris le A janvier 1773.

Son père, qui vivait retiré dans ses terres, l’envoya à Paris pour y faire des études propres à lui ouvrir la carrière du génie militaire.

Ce jeune homme, qui s’était livré par goût à l’étude de la langue grecque, suivait les leçons de grec du collège de France, de préférence à celle des mathématiques ; cependant il subit ses examens, et le 6 octobre 1792 il fut admis

élève sous-lieutenant à l’école d’artillerie de Châlons ; il en sortit le 1" juin 1793 lieutenant au T régiment de l’arme.

Il servit d’abord à l’armée de la Moselle, ensuite à celle du Rhin, puis, le 11 messidor an m ; au camp devant Mayence il reçut son brevet de capitaine en second.

Le chagrin qu’il éprouva de la mort de son père, arrivée à cette époque, lui fit quitter brusquement l’armée ; mais, quelque temps après, réconcilié avec le ministre par l’influence de ses amis, il fut envoyé à Alby pour présider à la réception des boulets fournis à l’État par les forges de la contrée.

Envoyé en germinal an vi à l’armée d’Angleterre, et attaché à l’état-major d’un général d’artillerie, il visita les côtes du Nord, et, pendant un assez long séjour à Rennes, il ébaucha- l’Éloge d’Hélène, imité plutôt que traduit d’Iso-crate ; il arriva l’année suivante à l’armée d’Italie, au moment où les Napolitains évacuaient Rome, et manqua d’être tué au siège de Civita-Vecchia en parlementant avec les assiégés.

Il y courut un danger plus grand encore. lorsqu’à leur tour les Français abandonnèrent la cité papale.

Ce jour-là, étant allé visiter pour la dernière fois la bibliothèque du Vatican, il s’y oublia, et n’en sortit qu’à nuit close. Cette circonstance eût été favorable à sa sûreté, si, passant devant la lampe d’une madone, son uniforme ne l’eût trahi. Assailli par le cri de : Morte al Giacobino, il eût été infailliblement massacré, quand un coup de feu dirigé sur lui, au lieu de l’atteindre, frappa une vieille femme à ses côtés. Profitant de cet accident pour s’éloigner, il gagna son logement ; le lendemain, son ami Chia-ramonle le conduisit au château Saint-Ange, dont les Français étaient maîtres. Transporté à Marseille sur une escadre

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