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commandement de la colonne, et l’appareil placé, il remonta à cheval et continua à diriger le combat.

Après un court voyage en France, le général Changarnier revint en Afrique, où le général Bugeaud lui confia le commandement de l’une des trois divisions, des provinces d’Alger et de Tittery. Dans le courant d’avril et de mai 1842, il ravitailla encore une fois les places de Milianah et de Médéah. Il trouve le secret, tout en conduisant ces travaux, de faire des prises à l’ennemi par des détachements que la nuit il lance sur ses flancs. Cependant, le général Bugeaud combina avec le général Changarnier une grande opération dans les montagnes, dans le but d’ouvrir et d’assurer nos communications entre Milianah et Médeah, et de permettre d’approvisionner ces places sans le secours des grosses colonnes, par le secours des indigènes eux-mêmes et sans escorte. Le général Changarnier dut pénétrer la chaîne des montagnes entre le Zaccar et la mer ; il entra par le col de Mali, plus difficile que celui de Mouzaïa. La colonne traversait un pays où jamais les Turcs n’avaient osé pénétrer, et n’avait souvent qu’un sentier sur lequel il fallait défiler homme par homme, cheval par cheval. L’arrière-garde était souvent attaquée par les Kabyles qui lui faisaient éprouver des pertes cruelles. Le général Changarnier en terminant cette laborieuse campagne de neuf jours, rendit lui-même hommage à l’énergie et au dévouement de sa division qui considérait les combats d’arrière-garde comme des dédommagements.

Le résultat fut l’occupation de Cherchell, de Milianah, de Médéah et d’un point derrière les montagnes de l’Est, par deux bataillons mobiles et quelques cavaliers, qui garantissait qu’aucun ennemi sérieux ne pouvait traverser les monts. Le général Changurnier passa dans la vallée du Chéliff, reçut la soumission de nombreuses tribus et chassa jusqu’aux imites du désert, à 75 lieues d’Alger, les tribus non soumises. Plus de 60 mille têtes de bétail et 3,000 prisonniers restèrent en notre pouvoir.

Le 19 septembre 1842, il attaqua avec impétuosité une troupe nombreuse de Kabyles qui l’avaient enveloppé à l’improviste dans le ravin de l’Oued-Fodda et les tailla en pièces. Le maréchal gouverneur, en apprenant ce glorieux combat, s’écria : « II n’y avait que Changarnier pour se tirer de là. »

Au commencement de 4843, le général Changarnier, par des manœuvres dont lui seul avait le secret, enveloppe le pays des Beni-Menacer que l’Émir avait soulevé et soumis pour toujours ces indociles et belliqueux montagnards.

Après cette opération, il rentra en France. Il était général de division depuis le 9 avril 1843.

En septembre 1847, M. le duc d’Aumale avait succédé au maréchal Bugeaud dans le gouvernement général de l’Algérie. Il désira avoir près de lui le général Changarnier dont il connaissait la rare capacité militaire.

On sait quels événements vinrent frapper le duc d’Aumale dans ses fonctions. On sait avec quelle dignité, avec quel patriotisme il s’inclina devant la volonté du gouvernement de la mère patrie qui lui donnait pour successeur le général Cavaignac ; mais avant de partir il confia les fonctions de gouverneur général par intérim au général Changarnier, qui sut l’emplir son mandat avec tact et dignité, et maintint l’ordre dans la colonie.

Appelé en France, il ne crut pas devoir accepter le portefeuille de la guerre qui lui était offert. Nommé gouverneur général de l’Algérie, puis général en chef de la garde nationale de Paris, il a été élu représentant du peuple par le déparlement