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Changarnier tailla en pièces plusieurs milliers de Kabyles avec 430 hommes seulement. Quelques jours après, il reçut la croix d’officier.

Le 3 mai 1840, à la prise de Cherchell par le maréchal Valée, qui avait sous ses ordres le duc d’Orléans, le 2e léger et son colonel eurent la principale part des fatigues et des dangers de l’opération. Le maréchal proclama que le brillant succès de ce combat était dû à l’habileté et à l’énergie du colonel Changarnier.

En récompense de ce fait d’armes, Changarnier eut l’honneur de former la colonne d’avant-garde pour l’attaque des hauteurs presque inaccessibles du Teniah de Mouzaïa. Au signal donné aux colonnes qui frémissaient d’impatience au pied de l’Atlas, chacune d’elles s’avance sous une grêle de balles ; tous les retranchements dont se hérisse l’Atlas, sont successivement enlevés. Mais deux bataillons réguliers et d’innombrables troupes de Kabyles défendent la pointe formidable du pic. Les soldats du 2e léger sont parvenus, en se cramponnant des mains aux taillis et aux arbustes des roches, au pied des redoutes. Là, foudroyés par un feu terrible, les plus braves s’étonnent. Dans ce moment suprême, le colonel Changarnier plaçant froidement son épée sous le bras, s’écrie, en se tournant vers le 2e léger : « En avant, à la baïonnette ! » A sa voix, les rangs se resserrent, les redoutes sont enlevées, les Arabes sont culbutés dans les ravins, et le drapeau du 2e léger, si connu en Afrique, déploie ses glorieuses couleurs sur les plus hautes cimes de l’Atlas.

En juin 1840, il s’agissait de ravitailler Milianah étroitement bloquée par les Arabes. Le maréchal confia le commandement de cette dangereuse expédition à Changarnier. Un corps de cinq mille hommes fut mis sous ses ordres ; les colonnes Bedeau et Gentil en faisaient partie. Changarnier part, le 22, avec un immense convoi, trompe la vigilance d’Abd-el-Kader et entre dans Milianah.

Héros au combat de Mouzaïa, il s’était montré chef habile, résolu, consommé dans le ravitaillement de Milianah. Colonel depuis neuf mois seulement, il fut nommé alors maréchal de camp.

En décembre suivant, le général Changarnier fut chargé de donner une leçon à Ben-Salem, l’un des plus habiles kalifas de l’Émir, en le forçant à lever le blocus de Cara-Mustapha, à l’Est d’Alger. Le 19, au point du jour, il tombe sur les Arabes qui, surpris, fuient en désordre sur la rive opposée du Boudouaou ; mais Changarnier fait passer rapidement la rivière au 1er régiment de chasseurs d’Afrique que l’infanterie devait soutenir ; il les aborde avec impétuosité, les coupe en deux, les sabre et les disperse dans toutes les directions. Beaucoup de morts, des prisonniers, des chevaux, des mulets, des armes, des bagages attestèrent sa victoire. Ben-Salem surpris, couché encore, s’était jeté à moitié nu sur un cheval.

Un nouveau ravitaillement de Milianah fut encore entrepris et opéré dans cette campagne par Changarnier, avec la même audace et le même bonheur.

Dans une autre expédition faite pour délivrer les environs de Milianah et pour retrouver la grande voie que suivaient les Romains pour franchir la première chaîne de l’Atlas, Chargarnier se distingua éminemment, s’empara du fameux col de Mouzaïa et battit des ennemis dix fois plus nombreux.

En 1841, au ravitaillement de Médéah (les ravitaillements ont été une des grandes difficultés de notre conquête), Changarnier reçut à l’épaule, dans un combat d’arrière-garde, une blessure à bout portant, que l’on crut d’abord mortelle. Néanmoins ; il refusa de quitter le