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du col de Banyuls que défendaient vigoureusement les Espagnols. Il passa à l’armée du Nord, et pendant la campagne de l’an III, il commanda la place de Liège.

En l’an V, il servit à l’armée de Sambre-et-Meuse. Son élection, en l’an VI, au conseil des Cinq-Cents, par le département des Bouches-du-Rhône, interrompit sa carrière militaire.

Comme législateur il se fit remarquer par les opinions les plus ardentes. Le 19 thermidor, il proposa la formation d’une commission d’examen des marchés relatifs aux fournitures militaires, « marchés, disait-il, pour la plupart, fictifs et scandaleux. » L’année suivante, il s’opposa de toutes ses forces au rétablissement de l’impôt sur le sel ; et, dans la séance du 22 vendémiaire an VII, il appuya un message du Directoire demandant une levée de 200,000 hommes pour former une armée d’expédition contre l’Angleterre. Il fit ensuite adopter l’établissement d’un hôtel des monnaies à Marseille. Le 16 brumaire, à l’occasion d’une motion sur les peines dont se rendraient passibles les déportés qui s’évaderaient du lieu de leur résidence, il exalta le 18 fructidor comme ayant sauvé la République.

Ce fut sur sa proposition que le conseil, en apprenant la prise de Turin, déclara que l’armée des Alpes avait bien mérité de la patrie, et qu’il serait pourvu, par une loi, au sort des soldats de cette armée.

Le 11 floréal, dans la discussion orageuse que souleva l’arrêté du Directoire qui traduisait les naufragés de Calais à un conseil de guerre, il soutint que les lois sur les émigrés rentrés en France sans autorisation leur étaient applicables, prétendant que leur naufrage n’avait été qu’un moyen pour s’introduire dans l’intérieur et y fomenter la guerre civile. A l’appui de cette opinion, il donna.lecture d’une commission d’enrôlement délivrée au duc de Choiseul, l’un d’eux, par le gouvernement anglais.

Le général Chabert sortit du Corps législatif après le 18 brumaire, contre lequel il se prononça, et rejoignit l’armée du Danube, où il commanda la division du Saint-Gothard.

Revenu en France en l’an X, après avoir été employé à l’armée de Naples, il vota contre le consulat à vie. Cet acte d’opposition n’empêcha pas le premier Consul de le comprendre dans la promotion de la Légion-d’Honneur du 19 frimaire an XII, et de le nommer commandant de l’ordre le 2S prairial suivant.

En 1808, envoyé en Espagne, et attaché à la division Dupont de l’Étang, il commandait l’avant-garde à la malheureuse affaire de Baylen, et eut deux chevaux tués sous lui ; mais ayant signé, avec les généraux Vedel et Marescot, la trop fameuse capitulation d’Andujar, il fut rappelé, mis en jugement et acquitté de la manière la plus honorable. Néanmoins, il cessa d’être employé, et demeura en état de surveillance, disgrâce que l’Empereur adoucit en le créant, en 1809, baron de l’Empire.

En 1814, le général Chabert oublia tout ressentiment pour ne songer qu’aux dangers de la patrie. Il offrit au général Desaix de servir comme volontaire sous ses ordres. Le 1er mars, il assura le succès du combat de Saint-Julien-sous-Genève, et le 30, à la bataille de Paris, sa brigade, placée dans le bois de Romainville, résista tout le jour aux attaques de deux divisions russes.

La paix le rendit encore une fois au repos ; et comme il n’adhéra pas aux actes du Sénat qui rappelaient les Bourbons, il fut mis à la retraite le 24 décembre.

Les événements du 20 mars 1815 ranimèrent