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le 25 nivôse an II, il eut ordre de se rendre à l’armée d’Italie, combattit avec distinction à la journée de Cairo, en Piémont, et ne se distingua pas moins, le 3 frimaire an III, à la bataille de Loano, où il mérita les éloges du général en chef Masséna, pour s’être emparé, à la tête de 1,300 hommes, des hauteurs réputées inaccessibles de Burdonetta et de Melegno. Lorsque, le 21 germinal an IV, le général autrichien, Beaulieu, commença ses opérations contre l’armée française par l’attaque des positions de Voltri, le général Cervoni, qui était chargé de les défendre avec 3,000 hommes, opposa à l’ennemi la plus vigoureuse résistance, et le contint pendant quelque temps ; mais craignant de se voir déborder par les forces supérieures qui lui étaient opposées, il se replia en bon ordre sur la division Laharpe, et le rejoignit à Madona-di-Savone. Le 25 du même mois, il franchit la Bormida, attaqua l’aile gauche de l’ennemi, et contribua aux heureux résultats de cette journée, où la division du général Provera fut contrainte de mettre bas les armes ; sur le rapport de Bonaparte, qui citait Cervoni avec éloges, ce général reçut du Directoire une lettre conçue dans les termes suivants :

« Les travaux de la dernière campagne avaient trop fait connaître votre courage au Directoire, pour qu’il ne sût pas d’avance qu’en vous faisant éprouver le premier échec, les Autrichiens vous ménageaient le premier avantage. »

Cervoni acquit de nouveaux titres à la reconnaissance de l’armée, le 21 floréal suivant, au célèbre passage du pont de Lodi. 30 pièces d’artillerie portaient la mort dans nos rangs ; les grenadiers s’arrétèrent un instant incertains, Cervoni, sentant combien cette indécision pouvait nous devenir funeste, se précipita avec Berthier, Masséna, Dallemagne, Lannes, et le chef de bataillon Dupas, pour se mettre à la tête de nos troupes, et les rappeler à leur courage habituel. Il donna de nouvelles preuves de courage aux batailles de Castiglione, d’Arcole, de Rivoli, et au siège de Mantoue. Élevé au grade de général de division, le 27 pluviôse an VI, il fit partie, peu de temps après, de l’armée destinée à l’invasion de Rome, et fut chargé, par le général Berthier, lors de l’insurrection de cette ville, d’annoncer au pape Pie VI que le peuple avait changé la forme du gouvernement. Cervoni remplit cette mission avec tous les égards, tous les ménagements qu’on doit au malheur. Il publia ensuite l’acte d’installation du gouvernement provisoire, obtint le commandement de la 2e division militaire, puis fut appelé, en l’an VIII, à celui de la 8e, composée des départements des Bouches-du-Rhône, des Basses-Alpes, des Alpes maritimes, du Var et de Vaucluse. Il sut se concilier, dans ce poste important, l’estime et l’affection de tous les habitants, par la modération de sa conduite. Créé membre et commandant de la Légion-d’Honneur, le 19 frimaire et 25 prairial an XII, le général Cervoni se fatigua du repos auquel il se voyait condamné, et sollicita de l’Empereur, en 1809, un commandement à la grande armée d’Allemagne. Il venait d’être nommé chef d’état-major du maréchal Lannes, lorsque, le 23 avril de la même année, un boulet de canon termina sa glorieuse carrière sur le champ de bataille d’Eckmühl.

La statue de Cervoni devait être placée sur le pont de la Concorde, avec celles de nos plus grandes illustrations nationales, suivant le vœu émis par Napoléon en 1810 ; mais les événements politiques empêchèrent la réalisation de ce projet.

Son nom est gravé sur l’arc de triomphe de l’Étoile, côté Est.

== [[w:Alfred Jean Eginhard Chabannes de la Palisse|