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suivant. Envoyé avec une colonne de différentes armes pour réprimer l’insurrection qui s’était déclarée dans la province de Cuença, et pour y punir l’attentat commis sur un officier et sur quelques soldats français que la populace avait massacrés, il partit de Tarazona, et arriva le 3 juillet 1808 devant Cuença, où il trouva 4,000 Espagnols disposés à défendre cette position avec 4 pièces de canon. Il les attaqua aussitôt avec impétuosité, les culbuta, s’empara de leur artillerie, leur tua 7 à 800 hommes, et força le reste à se sauver dans les montagnes. A l’époque de la capitulation de Baylen, il parvint à ramener ses troupes à Madrid, quoique ses communications fussent interceptées. Ces deux faits d’armes furent consignés, avec éloge, dans le rapport général des opérations de la campagne de 1808. Il avait été créé baron de l’Empire par décret du 19 mars.

Employé en France et en Portugal pendant la campagne de 1809, il rencontra au mois de mars, près Chaves, 3,000 Portugais qu’il chargea vigoureusement. Après en avoir tué 300, il dispersa le reste et s’empara d’une pièce de canon. Quelques jours après, à l’affaire qui eut lieu devant Braga, il chargea 6,000 Portugais, en fit une horrible boucherie, entra pêle-mêle avec eux dans cette ville et prit une pièce de canon. A la bataille d’Oporto, sa brigade enleva deux drapeaux ; à Peñatiel, dans une charge vigoureuse, il y prit encore un drapeau et tua à l’ennemi plus de 600 hommes. A Villa-Magna, près d’Amarante, commandant l’avant-garde des généraux Delaborde et Loison, il enfonça, avec un seul bataillon du 17e d’infanterie légère et le 19e régiment de dragons, un corps de 7,000 Portugais, et entra pêle-mêle avec eux dans Amarante. Il leur tua plus de 500 hommes et prit 2 pièces de canon. Le 12 mai, lorsque le général Loison jugea à propos d’évacuer la ville d’Amarante, il chargea le général Caulincourt de commander son arrière-garde, composée de trois bataillons et du 19ee régiment de dragons ; il arrêta l’ennemi et fit échouer toutes ses tentatives. Les talents militaires dont il avait fait preuve déterminèrent le maréchal duc de Dalmatie, commandant les 2e, 5e et 6e corps réunis pour tenter le passage du Tage, à lui confier l’exécution de cette opération importante.

Le 8 août, sa brigade, composée des 18e et 19e de dragons se mit en mouvement pour traverser le fleuve, près et à la gauche de Puente del Arzobispo. A midi précis, en présence des maréchaux ducs de Dalmatie, de Trévise et d’Elchingen, sous le feu meurtrier de 3 batteries et devant 10,000 baïonnettes ennemies, le général Caulincourt, à la tête de ses troupes, exécuta son passage par un gué profond et difficile. Arrivés sur l’autre rive, les dragons français s’élancent aussitôt sur les batteries et s’en emparent en sabrant les canonniers sur leurs pièces. L’infanterie qui voulait se former en carré fut enfoncée et dispersée. Ce succès prodigieux paraissait assuré ; mais 4,000 hommes de cavalerie espagnole, qu’on croyait partie la veille pour combattre le maréchal duc de Bellune, près de Talavera de la Reyna, débouchèrent tout à coup du village d’Azulan, et accoururent au trot sur deux colonnes, pour arracher aux braves dragons français l’honneur de cette journée.

Toute l’armée française, qui bordait la rive droite, craignait alors que le général Caulincourt, qui n’avait avec lui que 500 chevaux au plus, ne fût écrasé par ces masses ennemies ; mais dans ce moment critique, son sang-froid ne l’abandonne pas, il calcule tout le danger de sa position et prend une résolution énergique qui seule lui offre une chance