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tête au 27e régimentd’infanterie anglaise ; il l’attaqua bravement et le mit en déroute ; ce fait d’armes lui valut le grade de lieutenant-colonel. Pendant la Restauration, le colonel Bugeaud célébra les Bourbons dans quelques pièces.de vers, n’en retourna pas moins près de l’Empereur pendant les Cent-Jours, et fut envoyé à l’armée des Alpes à la tête du 14° de ligne.

Au second retour des Bourbons, Bugeaud se retira âExcideuil dans les propriétés deson père, marquis de Faverolle et seigneur de la Piconnerie ; il s’occupa d’agriculture et aussi de l’étude des belles-lettres. Au premier bruit de l’expédition d’Espagne il demanda du service et fut refusé ; dès lors il entra dans l’opposition et y resta jusqu’en 1831, qu’on l’envoya à la Chambre. Il venait d’être nommé maréchal de camp. Le nouveau général devint l’ami du pouvoir, qui l’envoya à Blaye garder et surveiller la duchesse de Berry. On sait qu’il s’acquitta très-scrupuleusement de ces fonctions, mais aussi très-honorablement, quoi qu’en aient dit quelques biographes : une lettre que lui écrivit la duchesse en fait foi. Il fut encore chargé d’accompagner sa prisonnière jusqu’à Palerme. De retour à Paris, il eut une rencontre avec M. Du-long, qui l’avait traité de geôlier ; c’était le 27 janvier 1834. M. Dulong eut le crâne fracassé.

Dans l’insurrection d’avril 1834, il commandait la brigade qui réprima cette guerre des rues, mais il est faux qu’il se soit trouvé à l’épisode sanglant de la rue Transnonain.

Bientôt, le général Bugeaud fut envoyé en Algérie (6 juin 1836) avec la double mission de combattre Abd-el-Kader et de faire la paix avec lui. Il montra dans cette courte campagne toutes les qualités qui doivent distinguer un homme de guerre. Homme actif, prompt au coup de main, façonné en Espagne à la guerre des Guérillas, soigneux du soldat, veillant à son bien-être, populaire dans la troupe, brave et ne s’épargnant jamais, M. Bugeaud, par la rapidité même de ses mouvements, montre qu’il valait mieux qu’un autre dans cette poursuite de Bohémiens. On lui reproche comme impolitique et désastreux le traité de la Tafna, par lequel il reconnut à Abd-el-Kader, au nom de la France, le titre d’émir, traita avec lui comme avec un souverain indépendant, et marqua même la limite de ses États.

M. Bugeaud, lieutenant-général, depuis le 25 août ! 836, et grand officier de la Légion d’honneur, fut nommé gouverneur général de l’Algérie au commencement de 1841. Investi de ces hautes fonctions, il voulut s’en rendre digne. Par des expéditions souvent hardies, toujours heureuses, par l’intrépidité de son action, il a consolidé notre puissance dans ce pays, pacifié plusieurs provinces, chassé les Arabes jusqu’aux confins du désert, et préparé les germes d’une colonisation sérieuse et féconde. On connaît l’éclat de la bataille d’Isly (14 août 1844), où, avec des forces très-inférieures, il n’a point hésité à se précipiter sur une nuée de Marocains qu’il a culbutée en quelques heures. De tels faits honorent à la fois le général et son armée. Déjà maréchal de France, depuis le 17 juillet 1843, il fut nommé duc d’Issly.

Le conquérant devint colonisateur. Après avoir été l’effroi des Arabes, il devint leur idole. La révolution de Février vint le surprendre dans la retraite où il était rentré depuis quelques mois. En face de nouveaux périls, il met encore une fois son épée au service de la France. Le Président de la République l’avait nommé commandant en chef de l’armée des Alpes ; plusieurs