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et ne disposaient que d’un très-petit nombre de chevaux de trait. Le personnel de l’artillerie et du génie était encore suffisant pour les plus grandes armées. Le matériel, malgré les pertes éprouvées les années précédentes, pouvait suffire pendant plusieurs campagnes. Les magasins contenaient 150.000 fusils neufs et 300.000 tant en pièces de rechange qu’en fusils à réparer.

La cavalerie était dans le plus mauvais état. Réduite à 57 régiments, dont

2 de carabiniers,
12 de cuirassiers,
30 de dragons et chasseurs,
6 de lanciers,
7 de hussards,

elle ne pouvait pas monter 14.000 hommes. Tous les régiments et leurs dépôts formaient au plus 17.000 chevaux.

L’armée était généralement mal vêtue. Il n’y avait pas une aune de drap dans les magasins.

L’Empereur appela sous les drapeaux tous les hommes en congé, tous les anciens militaires et la conscription de 1815. On leva 200 bataillons de garde nationale, ce qui donna une force de 120.000 hommes. L’organisation de 6.000 canonniers garde-côtes, et la création de 20 régiments d’infanterie de marine furent ordonnées ; la cavalerie fut renforcée par 12.000 chevaux pris et payés comptant à la Gendarmerie.

En juin, l’armée de terre comptait :

Infanterie 225.000, dont 120.000 en état d’agir.
Cavalerie 50.000, dont 30.000 en état d’agir.
Artillerie 6 à 700 bouches à feu.

Un grand nombre d’ateliers d’armes, établis dans Paris, fournissaient 1.500 fusils par jour, et, avant le 1er juillet, ils devaient en livrer de 3 à 4.000. Toutes les manufactures d’armes de l’Empire avaient doublé leurs produits.

La défense de toutes les places une fois assurée, Paris et Lyon furent choisis comme grands centres de résistance. On réunit, dans la première de ces villes, 400 pièces de campagne et 300 de gros calibre, et, à Lyon, un équipage de 100 bouches à feu de gros calibre et 100 d’artillerie de campagne.

On ne peut reprocher ni à l’Empereur, ni aux ministres, ni à la nation, aucun retard ; tout se fit comme par enchantement.

Le 14 juin au soir, Napoléon fait publier un ordre du jour dans lequel il emploie tous les moyens oratoires pour exciter l’ardeur et le courage de ses soldats, leur rappelant leurs anciennes victoires, leur supériorité sur des ennemis qu’ils avaient battus tant de fois, les dangers qui menaçaient la patrie.

Ayant calculé, avec sa sagacité ordinaire, qu’il faudrait deux jours aux armées anglaise et prussienne pour opérer leur jonction, la première ayant son quartier général à Bruxelles, et la seconde le sien à Namur, il fit ses dispositions, le 15, à la pointe du jour, pour tomber sur les Prussiens. Attaqué par trois colonnes, Blücher fut vivement repoussé avec perte de quelques milliers d’hommes. Charleroi fut pris, et dans la nuit du 15 au 16, toute l’armée française avait passé la Sambre ; elle bivouaqua entre les deux armées ennemies. Ce succès est d’autant plus remarquable que le lieutenant-général Bourmont, chef d’état-major du 4e corps, aux ordres du général Gérard, avait passé à l’ennemi.

Le 16, le maréchal Ney, qui commandait la gauche, avait reçu ordre d’occuper avec 43.000 hommes, en avant des Quatre-Bras (croisement de quatre chemins), une position sur la route de Bruxelles, en conservant en même temps celle de Nivelle et de Namur. L’inexécution de cet ordre empêcha la bataille