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On ne fera pas ici mention des arrêts et proclamations que le gouvernement de Louis XVIII lança contre Napoléon. On sait que toutes ces pièces furent tout à fait impuissantes, même pour retarder d’un jour la marche de l’usurpateur qu’on avait mis hors la loi, invitant tout le monde à lui courir sus.

Le 13, Napoléon fit ses adieux aux Lyonnais : « Au moment de quitter votre ville, leur dit-il, pour me rendre dans ma capitale, j’éprouve le besoin de vous faire connaître les sentiments que vous m’avez inspirés ; vous avez toujours été au premier rang dans mes affections ; dans des moments plus tranquilles, je viendrai pour m’occuper de vos manufactures et de votre ville. Lyonnais, je vous aime. »

Le même jour, les huit puissances signataires du traité de Paris, réunies au congrès de Vienne font la déclaration suivante :

« En rompant la convention qui l’avait établi à l’île d’Elbe, Bonaparte détruit le seul titre légal auquel son existence se trouvait attachée. En reparaissant en France, avec des projets de trouble et de bouleversement, il s’est privé lui-même de la protection des lois, et a manifesté à la face de l’univers qu’il ne saurait y avoir ni paix ni trêve avec lui. Les puissances déclarent, en conséquence que Napoléon Bonaparte s’est placé hors des relations civiles et sociales, et que, comme ennemi et perturbateur du repos du monde, il s’est livré à la vindicte publique ; elles déclarent en même temps que, fermement résolues de maintenir intact le traité de paix du 30 mai 1814, et les dispositions sanctionnées par ce traité et celles qu’elles ont arrêtées ou arrêteront encore pour le compléter et le consolider, elles emploieront tous les moyens et réuniront tous leurs efforts pour que la paix générale, objet des vœux de l’Europe, et vœu constant de leurs travaux, ne soit pas troublée de nouveau. »

Le 14, Napoléon coucha à Châlons ; le lendemain, il apprit dans cette ville la défection du maréchal Ney, qui venait de passer sous ses drapeaux, après avoir lu la lettre qu’il lui avait fait écrire par Bertrand.

Le 19 mars, à minuit, le roi quitte le château des Tuileries, et le 20, à neuf heures du soir, Napoléon prend possession de ce palais. Le départ de Louis XVIII fut si précipité qu’il n’eut pas le temps d’emporter les papiers qui lui étaient personnels : Napoléon eut un moment la pensée de les faire imprimer ; mais il ordonna à son secrétaire de les brûler. Un de ses valets de chambre ayant osé placer sur la cheminée des caricatures injurieuses aux Bourbons, l’Empereur les jeta au feu, et lui ordonna sévèrement de ne plus se permettre à l’avenir de semblables impertinences.

Le 22, l’Empereur passa en revue le corps d’armée qui avait été sous le commandement du duc de Berri ; au moment où le général Cambronne et le bataillon de l’Ile d’Elbe, parurent avec leurs aigles, il prit la parole et dit :

« Soldats, voilà les braves qui m’ont accompagné dans mon malheur, ils sont tous mes amis ; toutes les fois que je les voyais, ils me représentaient les différents régiments de l’armée ; en les aimant, c’est vous tous, soldats de l’armée française que j’aimais. Ils vous rapportent ces aigles ; jurez qu’elles se trouveront partout où l’intérêt de la patrie les appellera. Que les traîtres et ceux qui voudraient envahir notre territoire n’en puissent jamais soutenir les regards. »

Les troupes répondirent avec enthousiasme : Nous le jurons !

Madame la duchesse d’Orléans douairière qui s’était cassé la cuisse, et madame la duchesse de Bourbon, sa tante,