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de la défection du corps de Marmont, en disant qu’elle serait suivie de celle d’autres divisions. Tout fut inutile, il fallut reprendre le chemin de Fontainebleau.

Voici ce que disait Napoléon à ceux qui l’entouraient après le départ de ses plénipotentiaires pour Paris.

« On a voulu me faire abdiquer en faveur du roi de Rome, je l’ai fait. Cependant ce n’est pas l’intérêt de la France : mon fils est un enfant, ma femme n’entend rien aux affaires. Vous auriez donc une régence autrichienne pendant douze ou treize ans, et vous verriez M. Schwartzenberg vice-empereur des Français ; cela ne peut vous convenir. D’ailleurs, il faut raisonner. Quand même cela entrerait dans les vues de l’Autriche, croit-on que les autres puissances consentent jamais à ce que mon fils règne tant que je vivrai ? Non, certainement, car elles auraient trop peur que j’arrachasse le timon des affaires des mains de ma femme ; aussi je n’attends rien de bon de la démarche des plénipotentiaires. » Les ennemis de Napoléon les plus clairvoyants n’auraient pas mieux raisonné. Ce grand homme connaissait bien sa position, et, dès longtemps, bien convaincu qu’il n’avait rien d’honorable à espérer du côté des négociations, il voulait encore une fois tenter le sort des armes.

La convention conclue entre Schwartzenberg et le duc de Raguse portait :

ART. 1er. Les troupes françaises qui, par suite du décret du Sénat du 2 avril, quitteront les drapeaux de Napoléon Bonaparte, pourront se retirer en Normandie avec armes, bagages, munitions.

ART. 2. Si, par suite de ce mouvement, les événements de la guerre faisaient tomber entre les mains des puissances alliées la personne de Napoléon Bonaparte, sa vie et sa liberté lui seront garanties dans un espace de terrain et dans un pays circonscrit au choix des puissances alliées et du gouvernement français.

L’aide-de-camp Marmont mesurer la terre ou son général doit être captif : un espace de terrain ! … un cachot est aussi un espace de terrain !

Mais, dès le 4 avril, par arrêt du gouvernement provisoire, il est permis aux conscrits rassemblés de retourner chez eux ; ceux qui sont encore dans leurs foyers sont autorisés à y rester. La rhume faculté est accordée aux bataillons de nouvelle levée, ainsi qu’à toutes les levées en masse.

Le 7 avril, Napoléon annonça lui-même aux personnes qui se trouvaient autour de lui, la détermination qu’il avait prise de signer son abdication absolue. Et néanmoins il ordonna la revue des 2e et 7e corps. Toujours plein de sa pensée dominante, et confiant dans la fidélité et la bravoure de ses soldats, il dit pendant la revue au maréchal Oudinot : « Puis-je compter sur votre corps d’armée ? — Non, Sire », répondit le maréchal ; « Votre Majesté a abdiqué. — Oui, mais sous condition. — Il est vrai, Sire, mais le soldat ne connaît point de restrictions. — Eh bien ! maréchal, attendons les nouvelles de Paris. »

Après la revue, il y eut une espèce de conseil de guerre, dans lequel Napoléon, énumérant les ressources dont il pouvait disposer, soutenait qu’au lieu de souscrire à une paix honteuse, il y avait avantage et chance de succès de reprendre les hostilités ; car, outre les 50.000 braves qui sont sous sa main, il peut compter sur l’armée de Soult, qui est sous Toulouse, sur celle de Suchet, qui vient de Catalogne, sur celle d’Augereau, dans les Cévennes, du prince Eugène, en Italie, sur celle du général Maison, dans la Flandre, ainsi que sur les nombreuses garnisons de nos places frontières, « Pourquoi n’irait-il pas chercher les armées du Midi… quand il lui reste