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Marie-Louise est déclarée régente de l’Empire.

Le 14 février, l’Empereur fit solennellement l’ouverture du Corps législatif. Après avoir rendu compte des motifs et des calamités de la campagne de Russie, il continue : « J’ai fait de grandes pertes, elles auraient brisé mon âme, si, dans ces grandes circonstances j’avais du être accessible à d’autres sentiments qu’à l’intérêt, à la gloire, à l’avenir de mes peupies. Les agents de l’Angleterre propagent chez tous nos voisins l’esprit de révolte contre les souverains. L’Angleterre voudrait voir le continent entier en proie à la guerre civile, mais la Providence l’a désignée elle-même pour être la première victime de l’anarchie. Je désire la paix, elle est nécessaire au monde ; quatre fois, depuis la rupture qui a suivi le traité d’Amiens ; je l’ai proposée dans des démarches solennelles. Je ne ferai qu’une paix honorable, conforme aux intérêts et à la grandeur de mon Empire. Ma politique n’est point mystérieuse. Tant que cette guerre maritime durera, mes peuples doivent se tenir prêts à toute espèce de sacrifices. »

Le 25 du même mois, le ministre de l’intérieur rend compte au Corps législatif de la situation de l’Empire. On voit par cet exposé que depuis 1804 jusqu’au 1er janvier 1813, il a été dépensé 683 millions en travaux divers, tels que ponts, canaux, routes, ports, embellissements de Paris, dépôts de mendicité, palais, églises, etc. Les productions du sol et de l’industrie se sont singulièrement augmentées, et malgré des guerres continuelles, la population de l’ancienne France qui, en 1789, était de 24 à 25 millions, est maintenant de 28 millions 700 mille individus.

Cependant le général prussien York avait passé du côté des Russes avec 20.000 hommes. Les Anglais négociaient secrètement avec le cabinet de Vienne, dont le corps auxiliaire, commandé par Schwartzenberg, s’était mis complètement dans un état de neutralité ; Louis XVIII, de son côté, avait lancé du château d’Hartwel, dans les premiers jours de février, une proclamation dans laquelle, après avoir dit : « La divine Providence semble prête à briser l’instrument de sa colère, l’usurpateur du trône de saint Louis, le dévastateur de l’Europe, éprouve à son tour des revers, » il engage les Français à se jeter dans les bras de leur roi légitime : c’est, suivant lui, le seul moyen de mettre un terme aux calamités de la guerre que perpétue la tyrannie, de parvenir aux jouissances d’une liberté et d’une paix solide dont les puissances étrangères ne peuvent trouver la garantie que dans la parole du souverain légitime.

Un ennemi de Napoléon, bien autrement dangereux, travaillait l’Allemagne, c’était la société de l’ Union de la Vertu (Tugend-Bund). Cette société avait pour but de rendre la guerre nationale, et de délivrer à tout prix la Germanie du joug qui pesait sur elle ; ajoutons que le roi Murat, après avoir remis, le 27 janvier, au prince Eugène, le commandement général des troupes stationnées dans le Nord, dont l’Empereur l’avait investi, avait quitté de son propre mouvement et sans le consulter, le quartier général de Posen, et, déguisé en voyageur allemand, avait pris la route de ses États ; de là, de vives réprimandes. L’Empereur lui écrivait : « Vous êtes un bon soldat sur le champ de bataille, mais hors de là vous n’avez ni vigueur, ni caractère. Je suppose que vous n’êtes pas de ceux qui pensent que le lion est mort et qu’on peut… Le titre de roi vous a tourné la tête : Si vous désirez le conserver, conduisez-vous bien. » Irrité par ces réprimandes, qui sont quelque peu injurieuses, Murat comptera bientôt au nombre