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après des efforts désespérés de résistance, met le feu à la ville et l’abandonne, laissant d’immenses magasins, 12.000 hommes tués, blessés ou prisonniers, et 200 pièces de canon.

À la suite de cette victoire, l’Empereur se mit à la poursuite des Russes, qu’il poussa vivement jusqu’à Volontina, plateau sur lequel leur arrière-garde prit position le 19. Murat et Ney l’attaquèrent et la mirent en fuite après lui avoir fait éprouver de grandes pertes. Volontina donna son nom à une nouvelle victoire française. En même temps, et sur divers points, il y eut plusieurs combats glorieux pour nos armes. Le 6e corps, commandé par Saint-Cyr, battit Wittgenstein à Pololsk, lui tua 2.000 hommes, en blessa 4.000, lui fit un grand nombre de prisonniers, parmi lesquels 3 généraux, et s’empara de 20 pièces de canon.

Après l’affaire de Volontina, l’armée victorieuse, poursuivant l’ennemi, arriva à Ghjat ; là, il lui fut permis de prendre quelques jours de repos pour se remettre de ses fatigues et se préparer à une grande bataille que l’Empereur jugeait devoir être prochaine.

C’est le 7 septembre 1812, que fut livrée cette fameuse bataille appelée, par les Français, de la Moscowa, et par les Russes de Borodino, parce que l’action eut lieu sur le plateau qui domine ce village. Le général russe Barklay de Tolly avait été remplacé par Kutusoff ; ce vieux général, vainqueur des Turcs, avait solennellement promis de couvrir Moscou, la ville sainte, et d’anéantir l’armée française. Dans sa proclamation aux soldats, il prophétise la victoire : « Dieu va combattre son ennemi avec l’épée de Michel, et avant que le soleil de demain ait disparu, vous aurez écrit votre foi et votre fidélité dans les champs de votre patrie avec le sang de l’agresseur et de ses légions. » L’armée russe, protégée par des retranchements que son général annonçait camme inexpugnables, était encore animée par les prédications des prêtres et par l’image miraculeuse de la Vierge, qu’on promenait dans ses rangs.

De son côté, Napoléon excitait l’ardeur des siens par cette proclamation : « Soldats ! voilà la bataille que vous avez tant désirée. Désormais là victoire dépend de vous ; elle vous est nécessaire, elle vous donnera l’abondance, de bons quartiers d’hiver et un prompt retour dans la patrie. Conduisez-vous comme à Austerlitz, à Friedland, et que la postérité la plus reculée cite avec orgueil votre conduite dans cette journée ; que l’on dise de vous : Il était à cette grande bataille livrée sous les murs de Moscou. »

La veille et pendant la nuit il avait plu ; à cinq heures, le soleil se leva sans nuage : Soldats ! s’écria Napoléon, voilà le soleil d’Austerlitz ! Cette exclamation passe de rang en rang et remplit les troupes d’ardeur et d’espérance.

Les deux armées comptent chacune de 120 à 130.000 hommes. Un coup de canon tiré par les Français donne le signal, et l’action s’engage sur toute la ligne. La valeur des soldats, l’intelligence et la bravoure des officiers sont à peu près les mêmes de part et d’autre ; mais on ne saurait comparer entre eux les talents des capitaines qui commandent en chef les deux armées.

Après quatre heures de combats opiniâtres, pendant lesquels 1.200 bouches à feu vomissaient la mort de part et d’autre, trois redoutes sont enlevées par le prince Eugène, les maréchaux Davoût et Ney ; toutes les batteries russes sont successivement assaillies et enlevées ; la plus formidable de leurs redoutes est emportée par nos cuirassiers.

Après avoir détruit par la mitraille la plus grande partie des masses qui résistaient