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les forteresses capitulent à la première sommation. Toute la monarchie du grand Frédéric est conquise, à peu de chose près, en moins d’un mois. On ne vit jamais en Europe une suite de défaites aussi ignominieuses. Le 9 novembre 1806, Napoléon frappe la Prusse et ses alliés d’une contribution de 150 millions de francs.

Le 11 décembre, un traité de paix est signé à Posen entre Napoléon et l’Électeur de Saxe, qui prend le titre de roi. C’est le troisième prince allemand que Napoléon élève à cette dignité.

Le 8 janvier 1807 se livre la fameuse bataille d’Eylau : des divisions appartenant aux corps des maréchaux Davout, Soult, Ney, le corps entier d’Augereau ont à soutenir les efforts impétueux du général russe Beningsen, qui commande plus de 70.000 hommes. Cette bataille fut une effroyable tuerie dans laquelle les deux partis firent des pertes à peu près égales. Les Russes se retirent en bon ordre sur la fin du jour, ce qui servit de prétexte aux Français pour compter cette action parmi leurs nombreuses victoires. L’affaire d’Eylau semble présager à Napoléon que dorénavant ses succès lui seront vivement disputés.

Le 14 mai 1807, les Français, non sans éprouver des pertes considérables, battent les Russes, à Friedland (huit lieues d’Eylau). Les pertes de l’ennemi s’élèvent à 17.000 morts ou blessés, autant de prisonniers et 70 canons.

Le 21 juin 1807, un armistice est convenu à Tilsitt entre l’armée française et l’armée russe ; les deux empereurs se donnent rendez-vous dans un pavillon construit sur un radeau au milieu du fleuve Niémen qui passe près de Tilsitt. Le roi de Prusse est admis aux conférences des empereurs, la paix se conclut, et à la sollicitation d’Alexandre, Napoléon restitue à Frédéric (Guillaume) la moitié de sa monarchie. L’empereur russe reconnaît les royautés des trois frères de Napoléon, la confédération du Rhin. Il s’offre comme médiateur entre la France et l’Angleterre.

De retour à Paris (29 juillet), l’Empereur victorieux reçoit les grands corps de l’État ; le président du Sénat, Lacépède, lui dit dans sa harangue : « On ne peut plus louer dignement Votre Majesté ; votre gloire est trop haute ; il faudrait être placé à la distance de la postérité pour découvrir son immense élévation. »

Le 19 août, le Tribunat est supprimé et le Corps législatif reçoit de nouvelles modifications ; à l’avenir, on ne pourra faire partie de ce corps si l’on n’est âgé de quarante ans au moins.

Le 27 septembre, un décret impérial défend aux libraires de mettre en vente des ouvrages qui n’auraient pas été soumis à la censure préalable d’une commission.

Le 11 mars 1808, un sénatus-consulte porte institution de titres héréditaires honorifiques, sous les dénominations de princes, ducs, comtes, barons, chevaliers. Les titulaires pourront former des majorats ou substitutions en faveur de leurs descendants directs.

Dans l’intention avouée de mettre l’Espagne et le Portugal à couvert des tentatives que pourraient faire les Anglais pour s’établir dans ces pays et introduire leurs marchandises sur le continent, Napoléon a fait occuper ces deux royaumes par ses troupes ; la plupart des forteresses sont en leur pouvoir.

Une révolution éclate à la cour d’Espagne ; l’irritation est à son comble contre le favori de Charles IV et de la reine sa femme, le prince de la paix Godoï. — Ferdinand force son père à lui céder le trône. — Alors Napoléon réunissait une armée sur la frontière et devait la commander. — Charles IV et la Reine le rejoignent