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pâtre, fils de pâtre. Un autre chef, qui menait depuis longtemps une vie de brigandage, Kadour-ben-el-Morfy, placé à la tête des Bordja, ne pouvant s’accoutumer à la paix qui allait régner dans le pays, se réunit à Mustapha pour soulever les Beni-Amer, une des plus populeuses tribus de la province. Les Arabes de cette tribu se refusèrent à payer l’achour, alléguant que la cessation de la guerre rendait cet impôt inutile, et qu’ils ne reconnaissaient pas pour leurs maîtres les infidèles et leurs alliés. Les Douayers et les Zmelas, tribus accoutumées à vivre de pillage, se joignirent aux Beni-Amer et commencèrent les hostilités.

Abd-el-Kader rassemble au plus vite ses cavaliers dans les environs de Mascara, marche contre l’ennemi et surprend plusieurs villes laissées sans défense. Mais il eut l’imprudence d’établir son camp sur la lisière de la forêt de Zétoul, dans le pays des rebelles. Au milieu de la nuit, les Douayers mirent en fuite une partie de ses troupes, enlevèrent son camp au galop, et le forcèrent à rentrer presque seul à Mascara.

A cette nouvelle, Sidi-el-Arubi leva l’étendard de la révolte, les autres chefs des mécontents imitèrent son exemple, et Abd-el-Kader se vit entouré d’ennemis.

Au lieu de profiter de ces divisions qui commençaient à naître parmi les Arabes, et tirer parti du coup terrible qui venait d’être porté à l’émir, par les Beni-Amer, nous intervînmes si maladroitement que nous rendîmes Abd-el-Kader plus puissant après cet échec qu’il ne l’était auparavant.

Mustapha-ben-Ismaè’l et Kadoïuvben-el-Morfy, instigateurs de la révolte, avaient écrit aux généraux Voirol et Desmichels qu’ils s’engageaient au nom des tribus insurgées à se reconnaître sujets de la France, à renverser Abd-el-Kader et à amener la soumission des troupes de l’émir. Mais le général Desmichels, au lieu d’accepter cette proposition, prit Abd-el-Kader sous sa protection. Celui-ci se voyant soutenu par nous et maître de la province d’Oran, c’est-à-dire de cette immense contrée qui s’étend depuis le Chéliff jusqu’à l’empire de Maroc, suivit l’exemple du pacha d’Égypte, dont il avait étudié la politique, et il se constitua Je négociant de ses États. On apprit qu’un Maure, placé par lui à Arzew, était chargé de lever les taxes sur le blé, l’orge et le sel qui étaient vendus à des taux exorbitants. Il prenait d’abord le droit de son maître, le sien, celui de son khpdjah, et enfin celui de son mesureur. Il était défendu aux Arabes de traiter directement avec les Européens, et Ui libre concurrencé était interdite sur les marchés.

Abd-el-Kader ne s’en tint pas là : il s’opposa à ce que nous allassions visiter Tlemcen, sous prétexte que les Arabes, n’aimaient pas à voir des étrangers chez eux.

Bientôt il forma le projet de s’emparer de deux provinces de l’est et du centre et de nous chasser du sol algérien. Il prit un moyen détourné pour arriver à son but : il écrivit que, grâce à lui, toute la province d’Oran était maintenant tranquille, que l’est commençait à s’agiter ; mais qu’il engageait les généraux français à ne point s’y rendre, qu’il se chargeait de faire rentrer lui-même les tribus insurgées dans la soumission. Le général Voirol ne se laissa pas prendre à ces astucieuses propositions. Il refusa net le concours que l’émir lui offrait.

Une secte de fanatiques vint à se révolter contre Abd-el-Kader. Au lieu de favoriser les révoltés, on prit encore parti contre eux pour Abd-el-Kader.

Cette secte s’était soulevée en prêchant