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COURS DE MÉCANIQUE ÉLÉMENTAIRE

ment et la résistance de l’air soient complètement nuls, la bille devrait continuer à se mouvoir sans quitter la ligne droite : il n’y a pas, en effet, de raison pour qu’elle s’en écarte d’un côté plutôt que de l’autre et son mouvement sera toujours le même, c’est-à-dire uniforme. Pourquoi, en effet, ce mouvement se retarderait-il ou s’accélérerait-il, en l’absence de tout effet de cause extérieure ?

De même que le frottement et la résistance des milieux s’opposent à l’inertie des corps en mouvement, la pesanteur s’y oppose également : en effet, une pierre lancée en l’air, suivant une ligne droite non verticale, retombe en décrivant une courbe. Cela tient à ce que la pierre est soumise à l’action d’une cause appelée pesanteur, qui se combinant avec l’impulsion première, l’oblige à quitter la direction imprimée d’abord.


Exemples de l’influence de l’inertie. — Un dit d’un individu qui ne sait rien faire par lui-même, qui ne sait jamais prendre d’initiative : « Il est comme une masse inerte. »

Un cavalier dont le cheval s’arrête brusquement tombe en avant, parce que, en raison de son inertie, il tend à persévérer dans son état de mouvement.

Un voyageur qui descend d’un train en marche risque fort, s’il ne prend pas certaines précautions au moment où il met pied à terre de tomber dans la direction que prend le train, car au moment où le pied touche le sol, le dessous du corps est arrêté, mais le dessus continuant le mouvement dont il est animé en vertu de l’inertie, fait tomber le voyageur la tête en avant.

Un cheval, pour arrêter brusquement un camion en marche, doit développer un effort considérable pour vaincre l’inertie dont est animé le véhicule.

Si deux hommes courent l’un après l’autre, celui qui a l’avance ne manquera jamais, au moment d’être atteint par le deuxième, de changer brusquement de direction : il s’y préparera en s’appuyant convenablement sur le sol, mais l’autre, qui n’a pas prévu la manœuvre, ne pourra l’exécuter à son tour, qu’après avoir fait encore quelques pas sur sa direction première où son élan, son inertie, tend à le maintenir.

Pour emmancher un outil, on a souvent coutume, après l’avoir plus ou moins engagé sur le manche, de frapper celui-ci vigoureusement et à diverses reprises contre un obstacle. Le choc arrête la marche imprimée au manche, mais l’outil, que le manche a entraîné, continue à se mouvoir quelque peu et s’enfonce chaque fois de plus en plus. Les volants des laminoirs tournent encore longtemps après que le machiniste a fermé le modérateur de la machine. Les locomotives, lancées à grande vitesse, ne peuvent pas s’arrêter instantanément à proximité d’un danger, même si le mécanicien a fermé l’accès de la vapeur dans les cylindres et a fait fonctionner les freins.