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NOTIONS PRÉLIMINAIRES

On ne peut reconnaître une faculté semblable à la matière privée de vie. Nous n’admettons pas qu’un objet matériel dépourvu de volonté puisse, de lui-même, cesser de demeurer en repos, aller à droite plutôt qu’à gauche, accélérer ou ralentir sa marche, ou s’arrêter s’il est en mouvement. Ce fut l’immortel Newton qui, le premier, reconnut l’inertie de la matière et formula comme suit ce principe fondamental, dont on rencontre à chaque pas des applications en mécanique :

« Tout corps persévère dans l’état de repos et de mouvement rectiligne et uniforme dans lequel il se trouve, à moins que quelque cause étrangère n’agisse sur lui et ne le contraigne à changer son état ou sa direction. »

L’inertie est la propriété que possèdent les corps de ne pouvoir prendre d’eux-mêmes du mouvement, quand ils sont en repos, et de ne pouvoir modifier d’eux-mêmes leur mouvement rectiligne et uniforme, quand ils sont en mouvement.

La première proposition de cette définition est évidente, nous ne voyons jamais, en effet, un corps en repos se mettre de lui-même en mouvement, ou, ce qui revient au même, nous constatons toujours que, quand un corps passe de l’état de repos à l’etat de mouvement, ce dernier est produit par une cause étrangère.

La deuxième proposition nous parait, au premier abord, en contradiction avec les faits que nous observons à chaque instant.

Nous trouvons, en effet, que les corps auxquels nous imprimons un mouvement éprouvent à chaque instant, des modifications, soit dans la direction, soit dans la vitesse de ce mouvement. Ces modifications proviennent des causes extérieures, qui sont ordinairement le frottement, la résistance des milieux et la pesanteur.

Une bille lancée sur un tapis de billard, par exemple, ne tarde pas à s’arrêter. Les deux surfaces mises en contact, celle du tapis et celle de la bille, sont couvertes d’inégalités plus ou moins sensibles à la vue ou au toucher ; ces inégalités forment, en s’enchevêtrant, des obstacles au mouvement de la bille. Aussi verra-t-on son mouvement persévérer d’autant plus que les surfaces, mises en contact, auront un poli plus parfait. Ce sera le cas, si l’on remplace le billard par une table de marbre bien unie, et la bille, aux contours rugueux, par la bille d’acier bien tournée.

Cette résistance au mouvement, qui provient du défaut de poli des surfaces en contact, s’appellent frottement.

L’expérience montre qu’une boule suspendue au bout d’un fil oscille plus de temps dans l’air que dans l’eau et plus de temps dans le vide que dans l’air. Un foulard ne peut jamais être lancé à une bien grande distance ; mais s’il est pelotonné en boule compacte, la même impulsion le portera beaucoup plus loin. Ce genre de résistance, offerte par un fluide aux différents corps qui s’y meuvent, s’appelle : la résistance des milieux. Si, dans l’exemple que nous avons choisi tantôt, la table de marbre est indéfinie de longueur et que le frotte-