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pas à l’extérieur ; toutefois, le sol est recouvert de nattes d’argent ; les murs portent encore des traces de dorure, mais noircies par le temps et la fumée ; un catafalque est élevé au milieu de la salle, entouré de lambeaux de serge dorée ; c’est là que l’on conserve la fameuse empreinte du pied de Bouddha. La plupart des pèlerins la couvrent de leurs offrandes : de poupées, de grossières découpures en papier, de tasses et d’une quantité immense de bimbeloterie ; plusieurs de ces objets sont en or et en argent.

Après un séjour d’une semaine sur ce mont, d’où je rapportai, avec d’intéressantes collections, des reliques pétries avec les cendres d’anciens rois, je fus reconduit par les éléphants de mon hôte d’Arajiek, qui ne m’avait pas quitté, et par un guide que le prince de Phrâbat m’obligea d’accepter. Nous reçûmes encore l’hospitalité dans la maison de ce dignitaire, et le lendemain la rivière nous ramenait à Sarabüri, chef-lieu de la province de Pakpriau et résidence d’un gouverneur.

Sarabüri, ville d’une assez grande étendue et peuplée de cultivateurs siamois, chinois et laotiens, est composée, comme toutes les villes et villages de Siam, de maisons faites en bambous et à demi cachées sous le feuillage le long de la rivière. Au delà sont les champs de riz ; puis plus loin sont d’immenses forêts où habitent seuls les animaux sauvages.

Le 26 au matin, nous passâmes devant Pakpriau, village près duquel commencent les cataractes ; les eaux étant encore hautes, nous eûmes beaucoup de peine à lutter contre le courant. À peu de distance au nord de ce bourg, je trouvai une pauvre famille