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demi carré creusé à proximité de la montagne, il entasse et fond le minerai avec du charbon ; le fer, liquéfié, se dépose dans le fond de la cavité et s’y creuse un lit d’où on le retire, lorsque l’opération est achevée, pour le transporter à la forge.

Là, dans une nouvelle cavité en terre, on établit un feu qu’un enfant avive au moyen de deux soufflets qui sont simplement deux troncs d’arbre creux enfoncés en terre et dans lesquels jouent alternativement deux tampons entourés de coton, fixés à une planchette et emmanchés à de longs bâtons, tandis qu’à la base des troncs d’arbre sont adaptés deux tulles de bambou qui conduisent l’air sur le foyer enflammé.

Dans plusieurs localités, je découvris des sables aurifères, mais aucun gîte abondant ; dans quelques villages, les habitants font à temps perdu le métier d’orpailleurs, mais ils gagnent à peine à cette besogne, disent-ils, le riz qu’ils mangent. J’ai traversé, dans ce voyage, plus de soixante villages comptant de vingt à cinquante feux, et six bourgades appelées villes et ayant une population de quatre cents à six cents habitants.

J’ai fait une carte de toute cette contrée. Depuis Kôrat j’ai traversé cinq rivières considérables qui se jettent dans le Mékong, et dont le lit est plus ou moins rempli, selon les saisons. La première a trente-cinq mètres de largeur, c’est le Menam-Tchie, latitude 15° 45’ ; la seconde, le Menam-Leuye, quatre-vingt-dix mètres, latitude 18° 3’. Le Memam-Ouan, à Kenne-Tao, cent mètres, latitude 18° 35’; le Nam-Pouye, soixante mètres, latitude 19° ; le Nam-Houn, 20° de