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souvent des leçons de bonté, de patience et de prévoyance. Il ne faut pourtant pas exagérer sa commodité, ou bien les bâts employés par les Siamois et les Laotiens sont susceptibles de perfectionnement ; enfin la charge de trois petits bœufs, c’est-à-dire de deux cent cinquante à trois cents livres, est tout ce que j’ai vu les plus gros éléphants transporter aisément en plaine comme dans les montagnes, et dix-huit milles sont les plus grandes distances qu’ils puissent parcourir avec un poids modéré, tandis que de dix à douze milles sont les journées ordinaires.

C’est ainsi qu’avec quatre, cinq et jusqu’à sept éléphants, je traversai toute cette mer de montagnes qu’à partir de mon entrée dans le Laos, jusqu’à Luang-Prabang, je ne cessai de monter et descendre, c’est-à-dire sur un espace de près de cinq cents milles.

Tout ce versant oriental, à l’exception de quelques villages de sauvages à ventre noir[1] enclavés dans cet État, est habité par le même peuple, les Laos ou Laotiens à ventre blanc, qui s’appellent eux-mêmes Lao, et que les Siamois, les Chinois et tous les autres peuples environnants ne connaissent que sous ce nom.

Les Laotiens à ventre noir, ou occidentaux, sont appelés par leurs frères de l’est du nom qu’à Siam et au Cambodge on donne aux Annamites : Zuène, Lao-Zuène. La seule chose qui les distingue, c’est qu’ils se tatouent la partie inférieure du corps, principalement les cuisses, et portent souvent les che-

  1. Ainsi appelés à cause du tatouage qu’ils se font à la partie supérieure des cuisses.