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pendant plusieurs années chef d’un temple, et qui porte un grand intérêt à cette question, soit à cause des associations d’idées de son ancienne profession, soit parce que le fondateur de sa dynastie était originaire de Cambodge, assure que toute l’histoire de l’Inde au-delà du Grange, remontant à plus de quatre cents ans, est indigne de foi et remplie de fables ridicules. Dans un des livres canoniques bouddhistes, le Cambodge, cité comme la seizième des seize nations les plus puissantes de la terre, est signalé comme un pays où les idées libérales ont un grand essor, car on n’y connaît ni aristocratie ni servitude héréditaire. Suivant le même document, ce serait au troisième siècle de l’ère chrétienne qu’aurait vécu le fondateur d’Ongkor-Wat. Il s’appelait Bua-Sivisithiwong ; le premier, il a fait venir des prêtres bouddhistes du Ceylan dans son pays, importation qui s’est souvent renouvelée depuis. Ces exilés volontaires apportèrent avec eux leurs livres dogmatiques, et, dans le but de préserver ces documents sacrés, le roi fit construire tout exprès un monument de pierre où l’on prétend qu’ils sont restés intacts. Ces livres étaient faits avec les matériaux ordinaires à cette époque, des feuilles de palmiers.

« Et vous pensez qu’ils dureraient encore ? »

Telle a été l’observation du roi actuel, lorsqu’on lui a rapporté cette circonstance. Cette réponse indique le doute : elle est, jusqu’à plus ample informé, le dernier mot de la science sur le sujet en question. Voici maintenant la légende :

Bua-Sivisithiwong était, nous pouvons dire heu-