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feuillage des cocotiers et des palmiers, va se perdre à l’horizon sur les eaux du grand lac, mais non sans s’être arrêté encore un moment sur une nouvelle ceinture de forêts et sur un petit mont dénudé nommé Crôme qui est au-delà de la nouvelle ville.

Du côté opposé se déroule la longue chaîne de montagnes qui a fourni, dit-on, les riches carrières d’où l’on a extrait tant de beaux blocs de grès ; puis un peu plus à l’ouest et toujours au milieu d’épaisses forêts qui en dérobent une partie, un joli petit lac apparaît comme un ruban d’azur étendu sur un tapis de verdure.

Cette belle nature est aussi muette et déserte aujourd’hui qu’elle devait être vivante et animée autrefois ; le cri des animaux sauvages et le chant d’un petit nombre d’oiseaux troublent presque seuls ces profondes solitudes.

Triste fragilité des choses humaines ! Que de siècles, de générations se sont succédés ici, dont non probablement ne nous dira jamais l’histoire ; que de richesses et de trésors d’art demeureront à jamais enfouis sous ces ruines ; que d’hommes illustres, artistes, souverains, guerriers, dont les noms dignes de passer a la postérité ne sortiront jamais de l’épaisse couche de poussière qui recouvre leur tombeau.

Tout le sommet du mont est couvert d’une croûte de calcaire qui a été taillé de manière à offrir une vaste surface plane. À des espaces réglés, se trouvent quatre rangs de trous carrés assez profonds et en face les uns des autres ; dans quelques-uns sont encore debout des colonnes carrées également, qui