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dans le seul espoir de contribuer, selon mes faibles capacités, à enrichir d’un nouveau champ le terrain de la science, et d’attirer sur une scène nouvelle l’attention des savants qui font de l’Orient l’objet de leurs études spéciales.

Nous commencerons notre étude par le temple d’Ongkor, qui est le plus beau et surtout le mieux conservé de tous ces monuments ; c’est aussi le premier qui sourit au voyageur, lorsqu’il arrive d’Ongkor la neuve, lui fait oublier les fatigues du voyage, le transporte d’admiration et le remplit d’une joie bien plus vive encore que ne le ferait la rencontre de la plus riante oasis au milieu du désert. Subitement, et comme par enchantement, on se croit transporté de la barbarie à la civilisation, des profondes ténèbres à la lumière.

Avant d’aller plus loin, toutefois, nous sentons le besoin d’exprimer ici notre profonde gratitude envers le digne missionnaire de Battambâng, M. l’abbé E. Sylvestre, qui, avec une complaisance sans bornes et une ardeur infatigable, a daigné nous accompagner depuis sa résidence, nous guider partout au milieu des épaisses forêts qui couvrent une partie des ruines, et auquel nous devons d’avoir pu recueillir bon nombre de matériaux dans un espace de temps assez court.

Lorsque de Battambâng on se rend à Ongkor, après avoir coupé le grand lac, de l’un à l’autre des cours d’eau qui traversent ces deux localités, on s’engage dans un ruisseau que l’on remonte l’espace de deux milles dans la saison sèche, puis on arrive à un endroit où il s’élargit quelque peu