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de montagnes peu élevée, derniers contre-forts de la chaîne qui sépare le bassin du grand lac Touli-Sap du golfe de Siam ; mais je ne rencontrai, sur tout le parcours de mon voyage de Kampôt à Udong, qu’un terrain sablonneux, sauf en un seul endroit, où je le trouvai rocailleux, avec du minerai de fer. On ne voit qu’un seul petit village sur ce parcours, et là seulement quelques traces de culture ; partout ailleurs je n’aperçus aucun sentier ni aucune trace pouvant faire supposer que l’intérieur de la forêt fût habité. Autour de la capitale seulement les champs de riz commencèrent à se montrer, ainsi que de petites maisonnettes entourées de jardins fruitiers, maisons de campagne de l’aristocratie cambodgienne, qui y vient chaque soir humer un air plus pur que celui qu’on respire à la cour et à la ville.

En arrivant aux portes d’Udong, je me trouvai en face d’un large fossé, surmonté d’un parapet et entouré d’une palissade de trois mètres d’élévation. Je pensais entrer dans une ville de guerre fortifiée, et, comme je savais mes compatriotes occupés en ce moment à donner une leçon aux Cochinchinois, je m’attendais à être reçu par un fonctionnaire la baïonnette croisée, avec le terrible : On ne passe pas ! mais celui-ci ne se montrant pas, je donnai un coup de crosse de fusil à la porte et j’entrai. J’étais dans l’enceinte du palais du second roi, palais précédé d’une sorte de cage tenant le milieu entre une guérite et un pigeonnier, ayant à chacune de ses quatre faces une lucarne d’où l’on peut observer, en cas d’invasion, l’approche de l’ennemi, et donner le signal de la fuite avant son arrivée. J’arrivai au centre