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biers imprégnés de noix vomiques tombées des arbres environnants. Le lendemain, je trouvai de nouveau un éléphant à louer ; mais ce fut le dernier, et les quatre jours suivants je fis la plus grande partie du chemin à pied, l’autre, assis sur le coin d’une des charrettes. Du reste, le manque d’eau et les tourbillons de fine poussière qui s’élèvent de la route sont les seuls inconvénients qu’aient à subir les voyageurs. Dans la saison sèche, le terrain, quoique sablonneux, est dur et bien foulé, au milieu de la voie, par le fréquent passage des chariots et des éléphants ; le reste de la chaussée, large de vingt-cinq à trente mètres, est revêtu de gazon et même de hautes herbes, puis, à peu de distance, s’offre la forêt avec ses bouquets espacés d’arbres à huile, aux troncs élevés, au port droit et majestueux, et couverts à leur sommet seulement d’un panache de larges feuilles d’un vert foncé. C’est comme une magnifique et immense avenue, et on pourrait croire que l’art y a mis la main.

Les stations sont toutes situées à une distance à peu près égale, douze milles environ. À toutes, outre les anciens caravansérails servant a abriter les voyageurs et les hommes de corvée, qui sont changés tous les cinq jours, je trouvai d’autres nouvelles maisons beaucoup plus vastes et plus belles, construites pour le passage du roi ; de plus, entre les stations, on rencontre souvent d’autres salles où l’on peut se reposer au milieu du jour, avantage et confort qui ne sont nullement à dédaigner.

Jusqu’à la distance de vingt-cinq milles, en partant de Kampôt, j’aperçus sur ma droite une chaîne