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majeure partie par les Chinois, est composé de cabanes faites en bambous et couvertes en chaume. On y voit exposés une quantité de verroterie, de faïence et de porcelaine chinoise, des haches et couteaux, des parasols chinois et d’autres produits de ce pays et d’Europe. Les marchands de poisson, de légumes et les restaurants chinois en plein air, se disputent la rue en concurrence avec des porcs, des chiens affamés et des enfants de tout sexe et de tout âge barbotant, tels qu’ils furent créés par la nature, dans la fange et l’ordure ; avec des femmes indigènes d’une laideur repoussante, et des Chinois au corps décharné, à l’œil hagard et terne, traînant péniblement leurs sandales chez le marchand d’opium, le barbier ou quelque maison de jeu, trois choses sans lesquelles le Chinois ne peut vivre.

Le commerce est tout entier entre les mains de ces derniers, et l’on rencontre dix de ceux-ci pour un indigène.

Je fus présenté par l’abbé Hestrest dans plusieurs maisons chinoises où nous fûmes reçus avec politesse et affabilité. Le roi attendait et comptait sur ma visite, car plusieurs fois il envoya de ses gens pour s’informer si je n’étais réellement pas un officier détaché de l’armée française, alors en Cochinchine et venant prendre des renseignements sur ce pays. Je priai M. Hestrest de m’accompagner chez Sa Majesté. Nous remontâmes le fleuve l’espace d’un mille et demi, et nous arrivâmes à Compong-Baie qui est la Partie cambobgienne de la ville ; c’est là que réside le gouverneur de la province et que campaient le roi et sa suite, qui n’étaient à Kampôt qu’en visite.