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danseuse et de l’appuyer sur sa hanche. Et il la faisait pirouetter dans la valse, comme si elle n’avait pas pesé plus lourd qu’une plume. Et dans les quadrilles, quand il faisait le cavalier seul, il osait des entrechats et des ronds de jambe comme les danseurs de la ville, avec tant de légèreté, qu’on était conquis au premier abord. Les vieilles, qui faisaient tapisserie, approuvaient d’un air connaisseur, et parmi les jeunes filles, pas une qui ne fût flattée d’accepter son invitation. À le voir si beau, si sûr de lui, c’était pour Marthe une grande joie, mêlée d’appréhensions de toute sorte.

Il la vit enfin dans le groupe des jeunes filles et, sans hésiter, il vint droit à elle.

Quels mots lui dit-il pour l’inviter à la danse ? Elle ne les entendit pas, tellement elle était troublée. Elle vit seulement qu’il lui tendait ses bras, et elle s’y jeta, emportée par un mouvement de passion instinctif. Appuyée sur cette large poitrine, elle se sentait délicieusement faible, dans toute cette force qui la possédait, et elle n’avait guère conscience que d’un désir : poser sa tête sur son épaule et rester ainsi tout le temps, pendant que couleraient les heures.

La danse terminée, ils se prirent par la main, suivant la coutume lorraine, faisant le tour du plancher dans la file des autres danseurs.

Alors il lui dit :

— Vrai, mademoiselle Marthe, c’est pas pour dire, mais y m’faisait rudement gré de vous là-bas.

Elle répondit, d’une voix que l’émotion faisait trembler :

— Moi aussi, je pensais tout le temps à vous.

Ce fut tout. Ils s’étaient compris. Quand les danses