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boutonnière de la veste de Pierre, trouvant un geste si tendre qu’il en fut tout ému.

Il lui mit le bras autour de la taille et l’embrassa.

— Vrai, mademoiselle Marthe, c’est pas pour dire, mais je vous aime bien.

Elle répondit, dissimulant sa gêne dans un éclat de rire.

— Vous l’avez dit à tant d’autres que ça ne tire pas à conséquence.

Il insista :

— Vous avez tort de vous imaginer ça : les autres, c’est pour l’amusement ! Mais vous, c’est pas la même chose.

C’était peut-être vrai, ce qu’il disait. Elle défaillait sous le poids d’un bonheur trop lourd pour ses forces. Ils avaient causé longuement, ne se décidant pas à se séparer, vaguement remués par la tombée de la nuit. La lune jaillit des entrailles de la terre, énorme et toute blanche, versant une lueur sur les pousses des jeunes ceps, trempés de rosée…

Pierre se leva, ayant terminé sa besogne, ce soir-là, plus tôt que de coutume.

— J’vas faire un tour, dit-il au vieux Dominique, qui, une aiguille de bois aux doigts, réparait quelques mailles de l’échiquier, qu’une branche de saule avait rompues.

Il descendit la côte, fumant sa pipe avec satisfaction, savourant le repos bien gagné, après une journée de travail.

Arrivé sur la place, il s’arrêta.