Page:Moselly - Terres lorraines, 1907.djvu/239

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Pierre accepta, intrigué.

Il ouvrait de grands yeux en entrant dans ce logis étroit que le jour, mourant, sur les eaux emplissait d’un reflet doucement nuancé. Les boiseries de sapin jetaient un éclat miroitant, le plancher de bois blanc était saupoudré de sable fin et les meubles, la vaisselle avaient cette netteté, cette propreté particulière aux races du Nord. Le fourneau surtout, avec ses nickels luisants et ses robinets de cuivre, était pareil à une pièce d’orfèvrerie.

Un coucou de noyer était l’âme bruissante de ce logis.

Tout cela avait séduit Pierre, au premier coup d’œil, par son air d’ordre et d’aisance.

En lui-même, il comparait la propreté de cette chambre, qui était presque de la richesse, avec la pauvreté des maisons lorraines où des meubles vermoulus s’égarent le long des murs crépis à la chaux.

Comme il ferait bon s’en aller sur cette maison flottante, le long des rivières tournoyantes et des canaux tranquilles ! Comme il ferait bon entendre dans les écluses le bruissement des eaux, roulant des vannes soulevées, tandis que le bateau monte avec une lenteur cahotée. Comme il ferait bon s’arrêter au soir, le long des chemins de halage, et dormir de calmes sommeils, pleins du glissement des rivières.

Quelque chose vivait dans ce logis flottant qui était comme la révélation de ce qu’il avait rêvé, désiré, regretté jusqu’à ce moment même.

La fille allait et venait autour de lui, toute heureuse.

Le père Maquet, assis sur une chaise près du fourneau, fumait sa pipe, sans rien dire. C’était un vieux