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êtres, aux bêtes, aux choses, la joie qui l’emplissait, elle lui racontait de longues histoires, dans un gazouillement indistinct. L’oiseau alors s’approchait des barreaux, l’œil vif et pétillant de curiosité, la tête penchée et cherchant à surprendre ces sons, comme s’il eût compris.

Il y a ainsi dans les haies lorraines de troènes et d’épines, des plantes inconnues, qui poussent sur la terre ingrate, étouffées dans leur croissance par les orties et les mauvaises herbes. Qu’un brin grandisse, monte, et vienne se chauffer dans un rayon de soleil, alors il s’épanouit en une fleur splendide, dont la corolle grande ouverte s’emplit de rosée, et se balance dans les souffles de l’air.

Juin était venu, amenant des soirs pleins de clartés pourpres.

Jamais les pêcheurs n’étaient plus heureux.

Là-bas, devant eux, sur les coteaux encore inondés de soleil, les vignerons peinaient, penchés sur le sol, le visage cuit par la chaleur qui monte des terres. Eux se laissaient aller au gré des eaux, jouissant vaguement des fraîcheurs éparses dans l’air, de l’ombre qui tombait des bois de sapins.

Alors le métier leur paraissait facile : un vrai passe-temps de rentiers !

Sur la prairie, les foins bons à couper étalaient une nappe de vapeur rousse : les scabieuses, les marguerites, les œillets des sables jetaient des fusées de couleur parmi la poussière des gramens. Les derniers