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La journée passa lente, silencieuse, monotone.

La nuit venue, Marthe ne se décidait pas à se coucher, attendant elle ne savait trop quoi.

S’assoupissant à la longue, elle glissait dans la chute molle et insinuante du premier sommeil, quand un bruit la réveilla en sursaut.

C’était un frôlement léger effleurant la vitre ; cela revenait par intervalles. Tout à coup, un choc plus violent l’ébranla, comme si on avait jeté une poignée de graviers à toute volée.

Elle se leva à tâtons, et ouvrit la fenêtre, prenant bien garde de ne pas faire de bruit, pour ne pas réveiller ses parents qui dormaient dans la chambre, au-dessous d’elle.

Pierre était là ; posant son doigt sur ses lèvres, il lui fit signe de l’attendre, car il se préparait à la rejoindre.

Ayant pris un brancard sur un chariot qui se trouvait là, il l’appliqua contre le mur, et gravit rapidement cette échelle improvisée.

Il était là, tout près d’elle ! Ayant enjambé la barre d’appui, il était venu s’asseoir à son côté, dans la nuit. Il lui prenait les mains, et lui murmurait des paroles tendres. Elle se débattait, essayait de le repousser, de le faire sortir, dans la crainte d’un esclandre. Mais toute sa résistance tombait, devant la douceur des choses qu’il lui disait, et elle s’abandonnait à la joie du moment, n’ayant plus la force de lutter, gagnée tout entière par le charme invincible de sa présence.